Avec sa voix tendre et gouailleuse, Thomas Fersen est un auteur dont l'univers imaginaire n'est pas sans évoquer le talent d'un poète tel Jacques Prévert. C'est dans le XXème arrondissement de Paris, quartier populaire, que naît Thomas Fersen le 4 janvier 1963. Elevé avec ses soeurs aînées entre un papa employé de banque et une maman infirmière, le jeune Thomas s'intéresse très tôt à la musique et en particulier à la guitare. Vers 15 ans, il prend des cours de guitare jazz dans le sous-sol d'un magasin de musique proche de chez lui.
Après un baccalauréat scientifique, il fait son service militaire puis entame des études d'électronique, mais sans guère de passion. Son centre d'intérêt principal reste la musique. A 16-17 ans, en pleine mouvance punk, Thomas monte un premier petit groupe rock, UU, puis un second, Figure of Fun. Leur répertoire est plutôt anglo-saxon même si leur pratique de la langue anglaise reste de qualité moyenne. Finalement, après toutes ces expériences, le virus du voyage s'empare du jeune homme ; il part deux mois en Amérique latine, avant de visiter la Scandinavie. C'est là, essentiellement en Norvège, qu'il commence à écrire de nombreuses chansons. C'est aussi à cette époque qu'il change de nom uniquement pour se forger une nouvelle identité.
De retour en France, après quelques petits boulots (imprimeur, cableur), il travaille quelques temps dans une maison de disques et avec son épouse, pianiste, il commence à chanter dans les pianos bars. Il rencontre à cette occasion, un guitariste, Vincent Frèrebeau, qui travaille sur le label Vogue. Celui-ci donne alors à Thomas la possibilité d'enregistrer un premier 45 tours en 1988, "Ton héros Jane", puis un second en 90, "Le peuple de la nuit". Ces premiers essais discographiques n'ont pas de succès, et Thomas retourne chanter dans les pianos-bars où il se forge petit à petit un répertoire, un style et une expérience de la scène. Mais lorsque Vincent Frèrebeau devient en 1990 directeur artistique chez WEA, il entraîne dans son sillage le jeune chanteur qui signe en 1991 pour un premier album.
Il faut cependant attendre presque deux années avant la sortie du disque, deux années pendant lesquelles Thomas Fersen conçoit, à son rythme, de nouveaux titres qu'il met au point lors de ses récitals hebdomadaires dans le sous-sol d'un restaurant thaïlandais. Puis l'enregistrement se déroule en Bretagne, en une semaine, dans un vieux cinéma, transformé en studio pour l'occasion. Et c'est en janvier 1993, que paraît "Le bal des oiseaux" avec une pochette signée du photographe Robert Doisneau, dont les photos d'un Paris populaire sont célèbrissimes depuis plus de 50 ans.
L'accueil est unanimement positif. Pas un journal n'ignore ce premier disque dont le côté tendre et ironique, poétique et rêveur, séduit très vite le public aussi. Le premier extrait, "Le bal des oiseaux", est diffusé largement par toutes les radios. Très heureux sur scène, face à son public, Thomas Fersen reprend alors les tournées et ce succès rapide lui ouvre les portes de toutes les salles de France. En juillet, il est invité du festival des Francofolies de la Rochelle puis en août des Francofolies de Montréal, au Québec.
En avril 1995, sort donc "Les ronds de carotte", son deuxième disque. Avec une pochette cette fois signée du photographe Jean-Baptiste Mondino. L'accueil public et critique est toujours aussi bon. En mai, Fersen commence une tournée triomphale. A l'automne, il reste même trois semaines au Pigall's, petite salle parisienne, entre le 3 et le 21 octobre. Toujours sobres, ses chansons séduisent par leurs mélodies tendres et enlevées et des textes aux envolées ludiques.
En mai 1996, il est de retour dans la capitale sur la scène du Bataclan, et termine ainsi une tournée de plus de 150 dates. Un an plus tard, sort son troisième album, "Le jour du poisson", enregistré entre Paris et New York et arrangé par le musicien Joseph Racaille. Entouré de musiciens prestigieux dont Didier Lockwood ou Richard Galliano, issus du jazz, Thomas Fersen recrée dans cet album un savant mélange entre atmosphères gitanes, latinos et jazzy. Le succès est encore au rendez-vous pour cet auteur-compositeur brillant et chaleureux.
Début novembre 97, il se produit sur la scène du Trianon à Paris avant d'entamer une tournée à travers le pays. Personnage très gracieux, Thomas Fersen aime bouger et danser sur scène. Entouré d'une formation essentiellement acoustique, les influences se croisent dans un répertoire qui fait ressortir les métissages culturels de la capitale française.
Il faut deux ans à Thomas pour écrire les chansons de l'album qui sort en octobre 99, "Quatre". La pochette est signée Jean-Baptiste Mondino (comme pour l'opus précédent) : une photo en noir et blanc du chanteur dont le visage est caché par l'étui de son ukulélé. L'insolite y est présent, comme dans les textes : encrés dans le réel, ils présentent des aspects très poétiques, un peu étranges. Les arrangements sont signés Joseph Racaille même si Fersen s'est un peu plus impliqué cette fois-ci. "Irène" est le premier simple extrait de cet album.
Cet artiste qui peine à remporter un gros succès public en dépit d'un talent pourtant reconnu, se lance dans une nouvelle tournée française pour présenter son dernier disque. Les 23, 24 et 25 mars 99, il fait escale à l'Olympia. La tournée qui dure toute l'année 2000, doit prendre fin au cours de l'automne 2001. En juin, Thomas Fersen fait un passage très réussi à la Cigale de Paris où est enregistré en partie un album live (l'autre partie fut mise en boite à Montréal lors d'une tournée québécoise en février 99). L'album live "Triplex" sort à l'automne 2001, 23 chansons en 3 disques qui viennent boucler un cycle, une tournée de 150 dates.
Ce travail conséquent terminé, Thomas Fersen se remet à l'écriture de chansons quelques mois après. En avril 2003, sort "Pièces montées des grands jours" qui est aussi l'un des titres de cet album et qui est en réalité un duo chanté avec la comédienne Marie Trintignant. Thomas Fersen s'est occupé seul des arrangements et de l'instrumentation, chose qu'il avait déjà commencé à faire sur le précédent album. Cet artisan des mots, ciseleur de rimes, propose des chansons quasi surréalistes centrées sur le thème des plaisirs de la chair. Le premier simple s'intitule "Bambi".
Comme de coutume, le chanteur entreprend une tournée pour présenter ce nouvel opus. A l'occasion de cette tournée d'automne, on le retrouve pendant dix jours à la Cigale à Paris où il donne une série de concerts à guichets fermés en novembre. En janvier 2004, il effectue une tournée au Québec, une région qu'il affectionne particulièrement. Le 23 février, il fait son retour sur les planches parisiennes avec un concert au Bataclan. Il repart sur les routes à partir de mars jusqu'à l'été, en passant par le Printemps de Bourges, festival qui lui permit de percer, dix ans auparavant. Un disque live intitulé "La Cigale des grands jours" rend compte de la grande forme de Fersen sur scène.
C'est en 2005 que Thomas Fersen sort un sixième album. Surtout pas en manque d'inspiration, le chanteur propose "Le Pavillon des fous", onze titres, onze courts scénarii où figurent des personnages déjantés, fous, déments… Un petit retour en arrière pour leur auteur qui se souvient à cette occasion de son enfance passée dans un immeuble parisien où certains logements étaient occupés par des familles dont un des membres souffraient d'un handicap mental. Des chansons assez inquiétantes comme "Hyacinthe", "Mon iguanodon" ou "Maudie" (chantée avec Catherine Ringer des Rita Mitsouko) ont donc pour thème la folie. La musique de Thomas Fersen oscille entre folk et pop. Elle vient habiller de façon sobre des textes qui évoquent parfois le morbide, la noirceur. Le chanteur part ensuite en tournée, ce qui le mène entre autres sur la scène du Bataclan à Paris du 29 novembre au 3 décembre.
En 2006, Thomas Fersen continue de trimbaler les drôles de personnages du "Pavillon des fous" dans une série de salles différentes. En février, il s'arrête plusieurs jours à l'Olympia à Paris. En juin, il se produit au festival ArtRock à Saint-Brieuc, puis en juillet à Solidays en région parisienne et aux Francofolies de La Rochelle. La tournée se clôture officiellement en août 2006 aux Nuits de Fourvière de Lyon. Le 27 novembre, l'artiste sort le DVD "Bonne fête Hyacinthe", qui contient l'enregistrement du "Pavillon des fous", la tournée qui a suivi ainsi que les coulisses et quelques inédits, comme la préparation du futur projet scénique de Fersen, un duo au ukulélé avec son guitariste Pierre Sangra.
S'armant d'un ukulélé soprano, d'un ukulélé baryton et d'une mandoline, les deux compères adaptent une vingtaine de titres issus du répertoire de Fersen ("Louise", "La Chauve-souris", "Saint-Jean-du-Doigt", "Le bal des oiseaux", "Les Papillons"...) Puis ils partent sur les routes de France et d'ailleurs et, sans publicité ni promo, remplissent de nombreuses salles tout au long de l'année 2007. S'arrêtant au Québec, en Suisse et en Belgique. Une tournée à instruments réduits qui permet au chantre de renouer avec le public des petites salles.
En septembre, vu le succès de ce "ukulélé tour", Fersen décide d'entrer en studio pour y enregistrer une compilation de ses titres rien qu'avec cet instrument atypique, qui veut dire "puce sauteuse" en maori. "Best-Of de poche, Gratte-moi la puce" sort le 26 novembre chez Tôt ou Tard. Le même mois, ce label publie un livre conçu par le chanteur : "Un poil dans la choucroute". Sorte de recueil loufoque fait de carnets de notes, de photos d'enfance du chanteur et de clichés de ses concerts ou de ses costumes, l'ouvrage veut faire entrer les fans dans l'univers créatif de Fersen. Entre tous ces projets, l'artiste a quand même trouvé le temps d'écrire les paroles et la musique du titre "Les piles", qui figure sur l'album "Divinidille" de la chanteuse Vanessa Paradis.
Après sa "Pièce montée des grands jours", le Français récidive armé de son ukulélé en Septembre 2008 .Dans son texte de présentation gentiment écrit pour un ami, Dominique A souligne l'aspect "réjouissant" du nouvel album de Thomas Fersen : "Trois petits tours". Il est vrai qu'une première écoute suffit à illustrer ce propos sympathique mais néanmoins bien réel. Poils sur le bas du visage, habit de dégénéré du début de siècle et chapeau haut-de-forme, l'artiste français se montre sous un jour toujours aussi singulier, cinq ans après être entré dans la peau d'un boucher-charcutier affamé de porc sur la pochette de son disque "Pièce montée des grands jours".
Grand amateur de titres courts ("Punaise", "Gratte-Dos", "Formol"...), Fersen sort ici le grand jeu à coups de son instrument fétiche : l'ukulélé. Ceux qui connaissent mal cet 'outil' originaire d'Hawaii pourront goûter à ses joies sur la quasi-totalité de ces petites perles dont certaines font dans le glougloutement et la fessée ("Ukulélé"). Fersen s'entête à mettre ses rêves les plus farfelus sur ses oeuvres, provoquant certainement des grattements de tête interrogatifs sur son auditoire... Mais qu'importe, cette petite atmosphère de cirque saura en ravir plus d'un !
Biographie: http://www.rfimusique.com
Chronique: http://www.musicactu.com
Source : RFImusique
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Dernière modification : 22/06/2011