Né en pleine vague punk, à la fin des années 70, The Cure mène depuis un quart de siècle une carrière hors du commun.
Le groupe anglais, dirigé par le charismatique Robert Smith, a imposé des tubes incontournables: Killing an arab, A forest, The hanging garden, Lullaby, 10.15 Saturday night, Close to me, Just like heaven... Si la "bande à Smith" a beaucoup évolué au gré des décennies et des séparations, elle continue de rassembler les fans de toutes origines et de toutes générations. Une longévité exemplaire, à l'image de U2 et autre Depeche Mode. Tout comme eux, The Cure est emblématique de la musique anglo-saxonne de la fin du 20e siècle.
Crawley, Sussex, 1976
C'est dans la petite ville anglaise de Crawley, dans le Sussex, que cinq amis de lycée créent le groupe Malice. Rapidement, sous l'impulsion du leader Robert Smith, le groupe fait la tournée des petites salles de concert de la ville. Réduit à trois membres, Malice devient The Cure et parvient à susciter l'intérêt d'une petite maison de disques allemande: Hansa Records. Mais les jeunes musiciens, en désaccord commercial et artistique avec leur employeur, coupent les ponts. Cette expérience agit cependant comme un détonateur. Les Cure savent désormais qu'ils ont les moyens d'étonner les producteurs. C'est un découvreur de talents de chez Polydor qui leur tendra la main. Chris Parry tombe sous le charme de 10.15 Saturday night et signe The Cure sous le label Fiction Records en 1979.
Three imaginary boys...
...premier album des trois amis sort la même année. C'est un exercice de style étrange, entre punk et rockabilly, mais dont certains titres portent déjà la griffe The Cure (Boys don't cry). Plus sombre mais aussi plus proche de l'univers de Robert Smith, Seventeen seconds, le deuxième album du groupe sort en 1980 et est marqué par le magnifique A forest. Au gré des remaniements (au fil des années, de nombreux musiciens rejoindront ou quitteront la formation initiale), les Anglais s'imposent comme l'un des fers de lance de la new wave/cold wave. Faith, puis Pornography, aux ambiances angoissées et sombres, servent de thérapie à Robert Smith et façonnent l'image des Cure: cheveux hirsutes, rouge à lèvres, maquillage dégoulinants et tenues sombres. Mal dans leur peau, faisant écho aux angoisses de leur époque, et en phase avec le mouvement new wave (Joy Division, Christian Death, The Smiths, etc.), The Cure amorce cependant en 1984 un virage à 180 degrés.
Changement
Let's go to bed, The walk, et surtout The Lovecats, en hommage aux Aristochats de Walt Disney, marquent un changement radical de style. Le groupe propose désormais un mélange de jazz et de rock, sur fond de synthétiseurs. The Top, sorti en 1985, représente bien cette nouvelle coloration du son Smith. Les Cure sont maintenant des stars internationales. Musique et look forment un ensemble unique, facilement reconnaissable. En France, alors que Robert Smith et sa bande restaient jusqu'alors marginalisés, la sortie de The head on the door en 1986 les rend extrêmement populaires. Les singles In between days et surtout Close to me (dont le clip désormais célèbre les représente enfermés dans des armoires et projetés du haut d'une falaise) lancent la "Curemania" dans l'Hexagone. Robert Smith rend bien aux français l'amour qu'ils lui portent. Il donne de nombreux concerts dans ce pays et alors qu'il publie en 1986 Live in Orange en vidéo, il enregistre à Miraval le somptueux Kiss me Kiss me Kiss me en 1987.
Embrasse-moi
Extrêmement prolixe, Robert Smith a écrit une trentaine de titres pour ce qui ne devait être qu'un simple album. Finalement, 17 titres seront retenus et enregistrés pour le double Kiss me... Les morceaux de l'album prouvent encore une fois la richesse créatrice de Robert Smith. Lui et ses acolytes sont au sommet de leur gloire et de leur talent. Disintegration en 1989, dont les extraits Lullaby et Plainsong ne sont pas sans rappeler la mélancolie des Pornography ou autre Faith, atteste de ce succès. Mais les tournées mondiales du groupe ont des conséquences dramatiques. Epuisés par les promos et les concerts, et déçus par les nombreux remaniements au sein du groupe, Robert Smith et ses amis annoncent leur séparation en 1989. Crise passagère ou décision irrévocable ?
L'histoire continue
Mais la passion de la musique l'emporte sur la fatigue et la lassitude. The Cure s'accorde quelques temps de recul, et en profite pour offrir aux fans vidéos et remixes inédits (dont le controversé Mixed up). Le véritable retour en studio aura lieu en 1992 pour la sortie de l'album Wish, que d'aucuns considèrent comme le plus accompli du groupe. Mais le retour musical des anglais est assombri par une sombre histoire de procès: Lol, ami et membre du groupe depuis toujours, le quitte en intentant un procès à Robert Smith pour des histoires de gros sous. Conséquence néfaste: The Cure en est réduit à trois membres et le malaise sonne le glas médiatique des auteurs de Charlotte sometimes. Peu à peu, les Cure se font moins présents sur scène et dans les bacs des disquaires. En 1996, ils reviennent avec Wild Mood Swings, mais cet album ne trompe personne, et surtout pas les fans inconditionnels de la troupe. Robert Smith semble à nouveau épuisé par les années et les tournées. Une compilation, Galore, en 1997, cherche à effacer l'échec cuisant de Wild Mood Swings en remettant au goût du jour quelques grands tubes des Cure. Si Bloodflowers et The Greatest hits (2001) permettent au groupe de passer le cap du XXIe siècle, The Cure n'a plus la notoriété qu'il obtint à la fin des années 80. Résistant au passage du temps malgré les départs incessants de ses musiciens, The Cure reste aujourd'hui l'un des groupes les plus novateurs de la musique anglo-saxonne. Grâce notamment à son leader, Robert Smith, et à sa personnalité torturée et mélancolique, The Cure demeure associé à des tubes planétaires: de Killing an arab à Plainsong, en passant par A forest, Lovecats, Never enough ou Close to me.
Affaibli sur le plan artistique et physique, mais fort des ses presque 30 millions d'albums vendus, The Cure survit au changement de millénaire et continue de fédérer des millions de fans à travers le monde à chacun de ses albums.
Sébastien Brumont
" Bloodflowers " était censé achever une fausse trilogie (soi disant " Pornography "/ " Disintegration "/ " Bloodflowers " alors qu'il n'existe qu'une seule vraie trilogie dans la carrière du groupe, légendaire enchaînement de " Seventeen Seconds "/ "Faith "/ "Pornography ") et en même temps, achever au sens propre la carrière des Cure sur une bonne note après le catastrophique " Wild Mood Swings "... Malgré ses qualités, " Bloodflowers " n'était en aucuns cas le chef-d'oeuvre annoncé par Robert Smith, et la nouvelle d'un énième album, produit cette fois-ci par un ponte du Nu-Metal (Ross Robinson, qui travaillait avant avec Korn), avait de quoi faire frémir plus d'un fan.
Pourtant, dès les deux premiers titres, " Lost " (et son " I can't find myself " en écho du mythique " I must find this sickness, find a cure ") et " Labyrinth ", l'auditeur est transporté dans une intensité pas entendue depuis les furies psychédéliques de " The Top ", " Pornography " ou l'épisode The Glove avec Severin. Smith n'a pas chanté aussi bien depuis des lustres, et Robinson sait faire sonner les Cure comme un vrai groupe et non comme une machine à écumer les stades. Adieu donc batteries titanesques et synthés boursouflés, les Cure jouent désormais l'essentiel, ce qu'ils n'avaient pas fait depuis plus de dix ans. Arrivent ensuite des chansons qui, si elles n'atteignent jamais le niveau de l'âge d'or (1980-1985) s'en tirent plutôt bien en abordant les deux facettes de ce groupe unique, soit la pop (" The End Of The World ") qui l'a rendu célèbre, et le psychédélisme pourpre des années sombres (" Lost ", " Labyrinth ", " Anniversary ", très gothique, mais aussi " Us Or Them " qui évoque " Shake Dog Shake ") qui l'a rendu aimé. Sans doute pas aussi bon que " Pornography ", " The Cure " est en tout cas sans aucun problème le meilleur album du groupe depuis " Disintegration " en 1989. Une bonne nouvelle...
Source : Ramdam
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 11/10/2011