Syd Matters, ça sonne Pink Floyd, Sex Pistols. Ça ne sonne pas français, mais pourtant Syd Matters est né en France.
Jonathan Morali, alias Syd Matters, naît à Paris. Malgré son nom de famille, il n’a rien à voir avec Jacques, le producteur des Village People. Sa mère le berce avec le folk américain des années 60-70.
Grand amateur de Pink Floyd, Radiohead, GrandDaddy ou encore Gorky's Zygotic Mynci. Syd Matters apprécie le côté « too much » des Pink Floyd. Le mauvais goût, dont le groupe fait preuve parfois, avec ses bruitages, est pour Syd Matters une preuve de sincérité totale. Syd est aussi touché, et surtout influencé, par Nick Drake. Lorsqu’il commence à gratouiller les cordes, Syd Matters est inspiré par cet incroyable guitariste. Mais il est aussi attaché à sa personnalité de personne imposante, qui arrive à créer une ambiance et des images en étant seul avec une guitare, mais qui n’aime pas la scène parce qu’il s’y sent mal à l’aise.
Un jour il décide naturellement de s'inspirer de tout ça et de se lancer dans la musique en mélangeant la pop et le folk et en y mêlant une légère touche électro. Naquit alors au début du siècle Syd Project. Quelques démos plus tard, le label français Third Side Records fut séduit par le talent du jeune homme et lui offrit son premier contrat.
Juste le temps de changer de nom au profit de Syd Matters. À ce sujet, il est parfois dit que le nom provient d'une contraction légèrement remaniée de Syd Barrett et Roger Waters (membres du groupe Pink Floyd). Ce n'est pas vraiment le cas. Le prénom Syd vient bien de Barrett mais le Matters vient en fait du verbe to matter (compter, être important). Une fois ce nouveau nom choisi, on passe directement aux enregistrements : Un 45 tours, End and Start again (2002), suivi d'un premier Ep de six titres, Fever in winter shiver in june (2002) qui vont rapidement amener aux premiers albums de Syd Matters.
La même année, des titres de Syd Matters paraissent. « Bones » est l’histoire d’un garçon qui s’enfonce dans la terre et découvre des créatures. C’est l’histoire de la naïveté enfantine que l’on perd avec le temps. En 2003, il sort son premier album, « A whisper and a sigh ».
"A whisper and a sigh" reprend plusieurs titres des démos ou EP précédents mais pas seulement. Il sort chez Third Side Records en septembre 2003. Il est enregistré au Cocostudio et chez Syd, pendant l'automne et l'hiver 2002 avant d'être mixé par Yann Arnaud au studio MF au printemps 2003 et masterisé par Chab à Translab. Pour la composition du groupe c'est très simple puisque Jonathan Morali s'est occupé du chant, de la guitare, des claviers et de la boîte à rythme en plus d'avoir écrit toutes les paroles et musiques.
Second album, "Someday We Will Foresee Obstacles" sort en Avril 2005. Ce coup-ci le groupe est un "vrai" groupe puisque les musiciens (Rémi, Mathieu, Jean-Yves et Clément) qui ont accompagné Morali sur scène suite à "A Whisper and a Sigh" l'ont aidé en studio sur cet album.
Comment être à la hauteur lorsque votre première tentative, déboulée de nulle part, a connu un succès maousse et spontané : éloge unanime de la critique, coup de coeur du public (Syd matters a remporté en 2003, le premier concours CQFD des Inrock), plus de 15 000 albums vendus en France, une sortie à l’internationale et une série de concerts enchanteurs (de La Route du Rock au Festival des Inrocks, du mythique 12 Bars à Londres au festival By Larm en Norvège). Comment surprendre une seconde fois tout en restant fidèle à la première ?
Réponse: en faisant tout à la fois plus ample et plus intime. Par rapport à “A whisper and a sigh”, la musique de “Someday we will foresee obsctales” gagne en envergure, résultat de la découverte de la scène et la richesse du jeu de groupe. “Le premier album, je l’avais en partie enregistré seul, dans ma chambre. Le point faible, c’était la rythmique : je jouais les lignes de basses moi-même et me servais d’une boîte à rythme. Pour l’enregistrement du nouvel album, j’ai travaillé certains morceaux avec les musiciens qui ont participé à la tournée “. Et puis il y a l’expérience des concerts: “Je me suis découvert très à l’aise sur scène, ce qui pour un ultratimide comme moi est plutôt une bonne nouvelle. Surtout, j’ai compris qu’il ne fallait pas avoir peur de retourner un morceau, de prendre le risque de le perdre, j’ai appris à ne plus être dans le contrôle total”.
Plus luxuriante sa musique n’en perd pas moins son centre de gravité et elle gagne même en profondeur. Jonathan est encore jeune mais a saisi l’essentiel: “Lorsque j’avais 17 ans j’étais obsédé par l’idée d’être original. Aujourd’hui, je sais qu’être original, c’est être le plus proche possible de soi. Les musiciens que j’aime ne se rattachent à aucun genre, aucune scène. Ce sont des personnalités qui ont leur propre univers: Robert Wyatt, Kurt Cobain, Nick Drake ou aujourd’hui des gens comme Radiohead, Hermann Düne ou Joana Newsom.”
Ainsi agissent les compositions atmosphériques et denses de cet album. Par-delà la tradition folk (“Middle-Class Men“), rock (“Someday Sometimes“) et pop 60s (“To All Of You“), elles sont une éloge de l’intelligent et du simple, une ode à la lenteur et à la spontanéité. Syd matters nous plonge à travers ses chansons dans des rêves étranges et vastes, informés par la douleur du monde et la beauté des existences, marqués par la chaleur et l’inquiétude. À l’image de “I Care“, l’un des sommets de l’album, comptine mélancolique et voluptueuse, enregistré en duo avec l’un des héros internationaux de Syd : Euro Childs, chanteur du groupe Gorky’s Zygotic Mynci. “C’est sans doute le plus beau moment de ma courte carrière. Là j’ai rencontré quelqu’un qui malgré les aléas de carrière, ne pourra jamais faire autre chose que de la musique.”
Après ses deux premiers albums , Syd Matters, qui a récemment quitté le label V2 pour rejoindre Because Music (Charlotte Gainsbourg, Justice…), vient de signer la BO du film "La Question humaine" du réalisateur Nicolas Klotz. Présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, le film, en salle le 12 septembre, réunit notamment Matthieu Amalric et Michael Lonsdale, et dévoile onze titres inédits du Français. De quoi patienter jusqu’à la sortie de son troisième album, intitulé "Ghost Days" et prévu pour le 14 janvier 2008.
Le plus impressionnant, c'est de voir Syd Matters évoluer, disques après disques, vers le simple et le spontané. «Entre la tournée d' « Obstacles » avec le groupe et la composition de la B.O, j'ai appris à lâcher prise, à m'ouvrir aux autres, à ne plus essayer d'avoir le contrôle sur tout, confirme Jonathan. Je suis arrivé pour la première fois en studio avec des maquettes pas forcément fignolées. Je m'en suis remis au groupe. Ce qu'on voulait, c'est enregistrer le plus live possible, avec un côté bricolé, quitte à garder les imperfections.» Ce souci d'authenticité innerve aussi les thèmes de « Ghost Days ». Oubliée, l'Amérique fantasmatique de « Black and White Eyes » ou du « To all of you » (« American girls in the movie ») d' « Obstacles ».
Mais encore? On pourrait bien sûr s'amuser à collecter les références qui ça et là parsèment « Ghost Days ». Noter que le « shame on you crazy jackson » (« I'll Jackson ») est un joli clin d'oeil à Pink Floyd. Ou que « Louise » sonne comme la suite de l'épisode « Suzanne » de Leonard Cohen. Ou encore que la voix traînante et souple, ardente et magnétique de Jonathan le rapproche imparablement d'un Thom Yorke. Ou enfin que les arpèges subtiles de « Big Moon » entrent en belle résonance avec ceux du « Pink Moon » de Nick Drake. Mais bon, dans le cas de Syd Matters, le jeu se révèle vite vain. Car Syd est un bloc de singularité.
Cette fois-ci les fantasmes et les écrans de cinéma ont disparu, laissant le jeune homme en prise directe avec sa vérité. Le propos de « Ghost Days »? «J'ai écrit cet album en exil, seul dans mon appart, totalement déphasé par rapport au monde extérieur. Et je me demandais : quand il ne se passe rien, qu'est-ce qu'il se passe ? Je voulais parler du quotidien, celui de notre génération issue d'une classe moyenne sans histoire.» Car voilà : «Le cliché c'est : pour avoir quelque chose à dire, il faut vivre des choses. Oui, mais quand il ne se passe rien dans la vie, ça vaut aussi le coup d'en parler.»
Il y a plus : la retraite de Syd au creux de ses jours fantômes l'a aussi amené à dresser un bilan avant mutation. « A force d'écrire et de composer sur la nostalgie, tu finis par te demander : mais au fait, est-ce que c'était si bien que ça, le passé ? Et tu te rends compte que non : c'était pareil. Comprendre cela me donne envie de faire que les choses, à l'avenir, soient plus belles.»
S'il a à l'évidence écouté beaucoup de musique, il en a métabolisé plus encore. Et étonne depuis le début par son art soigné du songwriting, son style aérien, onirique et dense, sa signature unique et que l'on reconnaît immédiatement.
Philippe Nassif
Source : Ados.fr
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 01/08/2011