Pionniers d'un certain rock festif, porté sur les chansons à boire, et enraciné dans la celtitude, Soldat Louis réussit un admirable équilibre entre sérieux et gaudriole. Si les débuts en 1988 avec Première Bordée et « Du rhum, des femmes », sont couronnés de succès, c'est dans la durée que Soldat Louis acquiert sa légitimité. Sans jamais retrouver le succès initial, Soldat Louis a construit en 20 ans de carrière un parcours attachant et sincère.
Formé en 1988 à Lorient (Morbihan) autour de Renaud Detressan alias Gary Wicknam (Guitare, choeurs) et Serge Danet dit Soldat Louis (Guitare, chant), Soldat Louis bénéficie de l'amitié de Renaud pour lancer sa carrière. Bien avant que le groupe ne se forme sous le nom de Soldat Louis, une comédie musicale, intitulée "tirer des caisses" est en projet. Des chansons sont écrites mais la piéce ne se montera jamais. Renaud tombe par hasard sur les maquettes et décide de leur offrir la première partie de ses concerts au Zenith en 1989.
Leur premier album "Première Bordée" est tiré des chansons de la comédie musicale "tirer des caisses" qui restera dans les tiroirs. Le succès de l'album tient pour beaucoup au carton du simple « Du rhum, des femmes », vendu à quelques 750.000 exemplaires. Chanson de marin légère et sans prétention, « Du rhum, des femmes » laisse croire à tort que Soldat Louis est un compagnon de bordée de Licence IV ou Les Musclés.
Il n'en est rien, Soldat Louis est avant tout un groupe de rock qui s'inspire de chansons de marins et de ses racines celtes. Pavillon Noir en 1990 lève l'ambiguïté et sonne aussi la fin du succès estampillé Top 50 de Soldat Louis. Pavillon noir, disque pourtant très abouti, n'obtient pas le même succès. Plus aucun des albums qui suivront n'obtiendra la popularité de leur premier succès, d'ailleurs.
En 1993, Auprès de Ma Bande enfonce le clou. Soldat Louis voit alors son public évoluer, tandis que sa musique se teinte de plus en plus volontiers d'accents celtes. Dès lors, Soldat Louis se voit régulièrement invité dans les manifestations celtes, Les Interceltiques de Lorient ou La Nuit de la Saint-Patrick au Palais Omnisports de Paris Bercy.
Moins médiatisé, Soldat Louis vit bien en accord avec ses désirs artistiques. Le groupe sort les inévitables albums en public et Best of pour capitaliser sur ses fréquentes tournées. 2008 permet à Soldat Louis de célébrer 20 ans de carrière, un chiffre pas si aisément atteint.
Si la chanson "Du Rhum des femmes" a estampillé le groupe auprès du grand public comme auteur de "chansons à boire", le reste de leur répertoire au succès plus confidentiel est aussi composé de textes plus délicats ("Pavillon Noir"), nostalgiques ("Encore Un Rhum"), humoristique ("Martiniquaise"), ou encore langoureux ("T'es Mon Secret"). D'autres textes font également preuve d'un certain engagement politique, très identitaire, et légèrement anarchiste. Le pamphlétaire "C'est un pays" exalte ainsi l'identité bretonne, en opposition au jacobinisme français, alors que "Bobby Sands" évoque un activiste de l'IRA mort en prison d'une grève de la faim pendant les années Thatcher. Quant à "Juste une gigue en Do", elle rejette en bloc les politiques et critique sans ménagement les élus.
Plus généralement, leur style est résolument ancré dans l'univers de la mer, des marins, voire des pirates ou des corsaires. Leurs chansons évoquent un univers fantasmatique de voyage, par le prisme d'une identification à la vie des gens de mer et à leurs déboires alcooliques et amoureux. Les paroles, volontiers contestataires et provocatrices, prennent leur source dans l'imaginaire collectif du monde maritime d'antan. Le navigateur Olivier de Kersauson est un inconditionnel du groupe, dont il apprécie le caractère maritime et résolument rock. Le groupe est parfois critiqué pour des paroles sexistes et pour une vision dégradante de la femme. Pourtant, certaines chansons comme "Femmes de légende" rendent un hommage tout en sensibilité aux femmes de marins. La récurrence des prostituées et des filles légères dans leurs chansons tient plus à la volonté de s'ancrer dans l'univers des pirates, et dans un registre de chansons pour comptoirs de port, que d'une réelle vision machiste de ses auteurs ; plusieurs de leurs textes témoignent d'une fragilité certaine face à la gent féminine ( " Pour peu qu' j' tienne une caisse/ Qu' j' y pense trop fort/ J' suis comme un clebs fidèle jusqu'à la mort/À la tigresse qui s'occupe de mon corps", in Martiniquaise). Par un langage simple mais non dénué d'images poétiques (d'où leur filiation avec Renaud), ces textes révèlent la sensibilité de leur auteur compositeur Renaud Detressan (alias Gary Wicknam), qui n'apparaît pourtant dans le groupe que comme un simple guitariste choriste, le leader étant Serge Danet (alias Soldat Louis). Renaud Detressan avait par ailleurs connu un petit succès au début des années 80 avec la chanson "On est comme on est", sortie sous son propre nom.
Soldat Louis a fêté ses vingt ans lors d'une tournée en 2008 - 2009, dont le point culminant a été un concert à l'espace Marine du Festival interceltique de Lorient, le 7 août 2008. Un double album de cette tournée est sorti fin 2009, enregistré à Saint-Malo-du-Bois et au Festival de Poupet, en Vendée. Cet album s'intitule Happy... bordée 20 ans
En 2010, le groupe est contacté par le FC Lorient pour composer le nouvel hymne du club. Lors du match face à Bordeaux, le 20 février 2011, les spectateurs entendent pour la première fois l'hymne crée par le groupe. Les membres du groupe sont présents au centre du stade du Moustoir pour le chanter. Avec leur rock fraternel, ils repartent dès 2010 en tournée dans toute la France, avec un nouvel album (V.I.P. : Very Intimes Poteaux) dans lequel leurs chansons sont revisitées par leurs amis artistes (Hugues Auffray, Beverly Jo Scott, Francis Cabrel, Renaud, Patrick Verbeke, Michael Jones, Antoine, Murray Head, Dan ar Braz, Peter Alexander Band, Rhum et Eau & Les Spams, Francis Lalanne, Clarisse Lavanant...). Le bagad de Lann-Bihoué accompagne le groupe sur quelques dates bretonnes. En 2011 ils se sont produit à Senan... Les 17 et 18 mai 2012 ils se sont produit à l'Olympia (Paris).
En Décembre 2012, le groupe sort un nouvel album nommé Kingdom Tavern. Les titres de ce disque sont, comme souvent chez Soldat Louis, inspirés de la vraie vie. Enfin… surtout de la leur ! Celle de musiciens aux caractères trempés comme le métal des hauts-fourneaux. Pour eux, le rock’n’roll, plus qu’une musique, est un art de vivre. Le réalisme du vécu et l’impact du mot primant sur la nébuleuse métaphore de la phrase.
Soldat Louis est de quelque part et l’affirme d’une manière magistrale au-delà des clichés du style « Bretagne, terre de contraste !!! ». Il s’agit véritablement d’un engagement viscéral pour une terre, un pays, une culture, un peuple au sens noble du terme ; ici le verbe est romantique, solidaire, libertaire et naturellement assoiffé.
Olivier de Kersauzon, navigateur et écrivain bien connu pour sa verve et ses propos caustiques est sans doute celui qui a le mieux décrit Soldat Louis :
« Je n’éprouve que peu d’émotions à écouter Vivaldi, les flonflons pseudo jazzy, les orchestres de chambre, çà manque d’espace. Peut-être parce que je suis breton et que ce n’est pas ma culture, la Bretagne étant plutôt le vivier du rock français.
Soldat Louis, c’est à la fois une identité bretonne affirmée mais aussi et surtout une vraie bande de rockers, pas vraiment sensible aux effets de mode et aux tendances. Ils ne cherchent pas à profiter de la mode celtique, ni à changer leur son pour le rendre plus hip hop, techno ou chipola-pop.
Parce que le Blues-Rock qu’ils font est de toute façon la musique celtique de cette fin de siècle, celle qui aura marqué ces trente dernières années, que cela soit avec les Pogues, Simple Minds, U2, Rory Gallagher, enfin bref toutes les facettes de l’expression contemporaine. C’est de la musique de pub, dans le sens débit de boisson, pas ciblée médiatiquement. C’est bien à écouter dans les rads.
Et puis j’aime bien leur nom, çà fait matelot qui en veut et qui finit ses journées derrière une guitare plutôt que devant la télé, et c’est vrai que c’est un peu leur attitude dans la vie. Ce ne sont pas des gens bidons, tout fabriqués pour une cible.
Et puis ce n’est pas évident de chanter en français, c’est une langue difficile à chanter sur du rock. La plupart des textes anglais du genre sont souvent intraduisibles tellement ils sont niais.
Donc j’aime bien Soldat Louis et leur son. C’est une musique pour bord de largue sous gennaker, avec les silhouettes de grues du port de commerce au loin. Pas une musique de fond, j’ai l’impression qu’ils sont là à jouer avec nous, que leurs chansons seront applaudies dans n’importe quel port du monde, pourvu qu’il y ait des embarquements dans l’air. C’est une musique à écouter les nuits de convoyage, à embarquer sur voie rapide.»
Olivier de Kersauson.
Source : Music Story / Wikipedia / Site officiel
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 29/11/2012