Plus un cache-sexe pour son leader (l'infatigable chanteur et guitariste Josh Homme) qu'un vrai groupe, Queens of The Stone Age, projet né des cendres de Kyuss (formation stoner devenue culte après sa séparation), réinvente avec brio le hard rock tel que certains pionniers du genre (Blue Cheer, Black Sabbath, Deviants, Pink Fairies) ont pu le définir et compte indéniablement parmi les formations américaines les plus intéressantes du début du XXIè siècle. Queens of the Stone Age reste toujours aussi excitant avec son sixième album ...Like Clockwork en juin 2013.
A peine Kyuss dissout en 1995, le Californien Joshua « Josh » Homme (né le 17 mai 1973 à Palm Springs) rejoint les Screaming Trees, pour lesquels il joue de la guitare en concert pendant deux ans. Il sympathise très vite avec leur chanteur, Mark Lanegan, qui sera souvent associé à ses activités ultérieures.
Après avoir brièvement envisagé de reprendre des études, il se retire dans un ranch de Palm Desert, qui devient en quelque sorte son laboratoire de savant fou. Dès 1994, il jamme sans s'arrêter avec des amis musiciens issus de la région ou qui y vivent (parmi lesquels le batteur Matt Cameron, ex-Soundgarden et futur Pearl Jam) et il s'essaie avec brio au chant. En tout cas, ils n'ont qu'un seul but à ce moment-là : s'amuser. Il tire alors de ces jams des albums qui ne paraissent qu'en tirage limité et sur le support du... 25-centimètres sous le titre The Desert Sessions. Il en fera d'ailleurs presque une tradition (plusieurs volumes seront ensuite édités), se servant le plus souvent des idées qui sont mises en chantier lors des séances pour composer certaines chansons des Queens of the Stone Age (« Avon », « Monster in the Parasol », « Hangin' Tree »).
Néanmoins, ne voulant pas se limiter à ce semi-artisanat et ayant pour intention de refaire de la scène, il a l'idée d'un nouveau groupe dont il serait le seul leader et qu'il appelle d'abord Gamma Ray.
Un premier single de deux titres, paru sous l'intitulé « Gamma Ray Sessions », paraît ainsi, en janvier 1996, mais Josh Homme doit vite renommer sa formation en Queens of The Stone Age (idée venue d'une plaisanterie du producteur Chris Goss - également leader du groupe stoner précurseur Masters of Reality -, lancée lors d'un enregistrement de Kyuss en 1992) après que le groupe de metal allemand Gamma Ray l'a menacé d'un procès. Homme ajoute :
« Kings of the Stone Age aurait été trop macho, ils portent une armure, ont des haches et se battent. Les Reines de l'âge de pierre traînaient avec les copines des Rois de l'âge de Pierre quand ils sont partis se battre. C'est aussi un nom que Chris Goss nous a donné. Le rock devrait être suffisamment lourd pour les garçons et assez doux pour les filles. »
Comme pour Kyuss, la critique qualifie le single de « stoner rock » (mais Homme a toujours récusé ce terme, qu'il trouve stupide) et relèverait aussi du genre (qu'on peut désigner très sommairement comme du « hard-rock psychédélique ») des formations comme Karma To Burn, Spiritual Beggars ou Monster Magnet, qui n'ont en fait pas grand chose à voir avec la musique des Queens of The Stone Age.
Fin 1997, un étrange « split » EP paraît, avec trois chansons sous le nom de Kyuss et trois créditées à Queens of The Stone Age, un peu comme pour marquer une transition entre les deux époques. Quoi qu'il en soit, un contrat est vite signé avec le label Loose Groove pour un album et Josh Homme enregistre seul les parties de chant, de guitare et de basse (cette dernière avec un dénommé Carlo Von Sexron, qui n'est autre qu'un faux-nez de Josh Homme). Il est aidé simplement d'Alfredo Hernandez, qui a été le dernier batteur de Kyuss. Il souhaite alors avoir son ami Mark Lanegan sur le disque (appelé tout simplement Queens of The Stone Age et qui paraît à la rentrée 1998), mais celui-ci n'est pas libre et il fait appel à Nick Oliveri, un autre ancien membre de Kyuss, pour assurer la basse en concert. Josh Homme prendra aux claviers et à la guitare Dave Catching et un de ses amis de longue Date Patrick « Hutch » Hutchinson comme ingé-son et - occasionnellement - pianiste.
En interview, Homme, intelligent et habité, présente volontiers le groupe comme un antidote au poison instillé par des formations trop frustes qu'il exècre ouvertement, comme Creed, Korn ou Marilyn Manson. Passionné de musique sous toutes ses formes et allant jusqu'à dire qu'il veut « changer la vie des gens » avec ses chansons, ce géant rouquin, à la voix très assurée et guitariste retors, s'est attribué une mission, une croisade presque, et à partir de là, il n'aura de cesse de le démontrer. La première tournée des « Queens » se passe bien mais une fois celle-ci finie, Gene Trautman remplace Alfredo Hernandez aux fûts. Entre-temps, les scores de vente (relativement encourageants) et surtout le succès sur scène du groupe (qui a effectué des premières parties pour les Foo Fighters ou Hole) ont provoqué un regain d'intérêt envers Kyuss et Josh Homme reçoit depuis des offres de plus en plus mirobolantes pour une reformation du groupe, qu'il refuse systématiquement.
En une semaine de janvier 2000, les Queens of The Stone Age, qui ne chôment pas, enregistrent Rated R, pour lequel Mark Lanegan est enfin disponible. Le disque, paru cette fois-ci sur Interscope, reçoit de bonnes critiques. Les invités s'y bousculent - on y entend même le leader de Judas Priest, Rob Halford sur « Feel Good Hit of the Summer ». Peu après, Josh Homme, Nick Oliveri et Mark Lanegan participent à Deep in the Hole (de même que Troy van Leeuwen ou Dave Catching) des Masters of Reality de l'ami Chris Goss, producteur et parrain du stoner, à tel point qu'à certains moments, on ne sait plus très bien à quel groupe on a affaire sur disque ou sur scène, puisque cette formation joue aussi où elle en a l'occasion, à tout moment. Les Queens of the Stone Age drainent alors de plus en plus de monde ; leurs salles s'agrandissent et ils enchaînent les festivals avec toujours autant de vélocité.
C'est à partir de la rentrée 2002 que les Queens of the Stone Age passent pour de bon en première division et accèdent au succès international : fortement désireux de se remettre à la batterie ailleurs qu'en studio, l'ex-Nirvana et leader des Foo Fighters Dave Grohl, un des musiciens les plus respectés aux Etats-Unis et qui avait beaucoup apprécié ce que faisait Homme au sein de Kyuss, accepte de se joindre à lui et à Nick Oliveri pour écrire des chansons. Ainsi, à Palm Desert, ils travaillent d'arrache-pied sur ce qui deviendra Songs for the Deaf et Dave Grohl obtient De Facto le statut de membre des Queens of The Stone Age, même si certaines chansons sont aussi enregistrées avec Dave Catching et Gene Trautman.
Au moment où le groupe doit partir en tournée, le claviériste Troy Van Leeuwen (qui joue également de la guitare, de la lap-steel et de la basse) prend définitivement la place de Dave Catching, qui a opté pour des projets en solo. L'incontournable Mark Lanegan, qui participe à Songs for the Deaf, les accompagne mais ne monte sur scène que quand il doit chanter ses chansons. Egalement ravi de rejouer de la batterie en concert, Dave Grohl assure (magnifiquement) une vingtaine de dates avec les Queens of The Stone Age, dont celle au festival de Glastonbury, triomphale, mais il a évidemment ses obligations envers les Foo Fighters et quitte donc la bande à Homme, non sans avoir promis de les retrouver à la première occasion.
L'ex-batteur de Danzig Joey Castillo a alors la lourde tâche de succéder à Dave Grohl, mais il s'en tire si bien que Josh Homme le gardera ensuite à ses côtés autant pour les concerts (les Parisiens le voient ainsi avec les « QOTSA » à l'Elysée-Montmartre) que pour les enregistrements en studio. Songs for the Deaf a alors fait un malheur (un million d'exemplaires vendus) et tous les palmarès des journaux rock mettent le groupe en première position. « Songs for the Deaf est un nouveau genre, aussi dur que le titane, semblable à une démolition. Ce n'est pas le heavy metal de votre père. C'est mieux. ». Tout irait donc pour le mieux si, au terme de la tournée, Josh Homme n'avait pris la douloureuse décision de congédier Nick Oliveri, devenu trop ingérable (il l'accusera notamment de violences conjugales) : c'est indéniablement une perte pour le groupe, dont le bassiste, avec son look spécial (crâne rasé, longue barbiche) était très populaire - il était même apparu certains soirs sur scène « tout nu les mains dans les poches », vêtu de sa seule basse. La consommation de drogue effrénée d'Oliveri a également joué un rôle dans son éviction, même si Josh Homme reconnaît lui-même ne pas être le dernier à s'y adonner (champignons, cocaïne, amphétamines, haschich), sans pour autant faire le moindre prosélytisme.
Peu après, pour ses nouvelles Desert Sessions, Josh Homme, dont la démarche séduit de plus en plus ses confrères, réussit encore un très beau coup en convaincant PJ Harvey de le rejoindre dans son ranch avec sa bande de potes. Ils écrivent alors des morceaux qui se retrouvent sur les albums à venir de la chanteuse anglaise et du groupe. Dans l'intervalle, le bassiste Dan Druff reprend le poste d'Oliveri et avec Joey Castillo et Troy Van Leuuwen, Josh Homme enregistre en tant que Queens of the Stone Age l'album Lullabies to Paralyze, plus sombre que son prédécesseur mais encore mieux accueilli, qui paraît en 2005 et où Billy Gibbons (ZZ Top) et Shirley Manson (Garbage) ont droit à des apparitions, ainsi que le revenant Dave Catching, preuve que Josh Homme n'est jamais fâché avec quiconque - il est simplement difficile à suivre, tant il va vite.
Lors de la tournée (qui passe par le festival Rock en Seine de Saint-Cloud), Homme, prêt à toutes les expériences, intègre dans le groupe deux membres d'Eleven de ses amis, Natasha Shneider et Alain Johannes, qui jouaient déjà sur Songs for the Deaf. Ne pouvant décidément rester sans rien faire, il profite d'un break dans son emploi du temps pour participer au projet Eagles of Death Metal de son copain Jesse Hugues, avec lequel il tourne (il joue notamment de la batterie, ce qu'il ne se permet pas au sein des Queens of The Stone Age). Accessoirement, il trouve aussi le temps de se marier avec Brody Dalle, chanteuse des Distillers, et d'avoir une fille, mais là, il doit évidemment se calmer un peu et les Queens of the Stone Age en profitent alors pour publier un album live et le DVD correspondant, Over The Years and Through the Woods.
Cependant, pour Josh Homme, le congé de paternité ne sera que de courte durée et en 2007, les Queens of the Stone Age reviennent au charbon avec l'album Era Vulgaris (leur moins convaincant à ce jour), pour lequel Josh Homme (qui, comme il en a désormais l'habitude, a organisé une sorte de tournante de musiciens), fait appel à un nouveau bassiste, Michael Schuman (ou « Mikey Shoes »), et à Dean Fertita aux claviers. Moins lourd que le son habituel de QOTSA, Era Vulgaris rencontre également un succès moindre. Josh Homme retient la leçon et revient à une musique plus charpentée.
Après plusieurs rumeurs, QOTSA nous revient enfin en Juin 2013 avec l’annonce de la sortie de …Like Clockwork sur le label indépendant américain Matador. Ce nouvel album marque le retour de certains membres historiques du groupe : Nick Oliveri à la basse, Dave Grohl à la batterie et Mark Lanegan. Josh, en plus de savoir s’entourer est surtout, au même titre que Jack White, l’un des meilleurs guitaristes et compositeurs rock au monde. Avec le premier single ‘My God Is The Sun’ ou le génial ‘If I Had A Tail’ on retrouve avec bonheur ce son rock pur, loin des modes et tendances éphémères, où les guitares tranchantes répondent à l’une des meilleures sections rythmiques du rock emmenée par Grohl et Oliveri, comme aux plus belles heures de Songs For The Deaf ! Josh est aussi un excellent chanteur et mélodiste, dons qu’il expose pleinement sur cet album avec les très beaux et surprenants titres au piano ‘The Vampyre Of Time And Memory’ et ‘…Like Clockwork’ qui clôture cet opus ou encore sur l’épique ‘I Appear Missing’ et son superbe riff de guitare.
Avec ...Like Clockwork (‘comme sur des roulettes’ en anglais) Josh semble nous dire que son plan a marché, on ne peut lui en vouloir de cette attente tant cet album est jouissif. Ouvert, efficace, à la fois exigeant et accessible, il s’impose comme l’un des meilleurs albums du groupe. Un véritable chef d’oeuvre rock !
Copyright 2013 Music Story Frédéric Régent
Source : Music Story / Wikipedia /Fnac.com
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 28/06/2013