Moriarty a vu le jour en 1995. Son nom est un hommage à Dean Moriarty, héros du roman Sur la route, classique de Jack Kerouac. Ce n'est qu'en 2005 que Rosemary Stanley en devient la chanteuse officielle. Charismatique et lumineuse, elle campe un rôle de diva country au sein du groupe de garçons.
Dès lors, Moriarty a trouvé son style. Ils disent tous s'appeler Moriarty et faire partie d'une même fratrie : Rosemary Standley au chant, Zim (de son vrai nom Stephan Zimmerli) à la basse, Arthur B. Gillette à la guitare acoustique et au piano, Thomas Puéchavy à l'harmonica (surnommé « The Kid ») et, enfin, Charles Carmignac à la guitare électrique et au dobro. En réalité, il s'agit d'amis d'enfance qui se sont connus car ils ont un point commun : leurs parents et familles sont Américains. C'est en fréquentant le Lycée Américain de Paris qu'ils ont commencé à jouer de la musique ensemble. Aux cinq amis, s'ajoutent Vincent Talpaert et Eric Tafani qui se partagent les percussions sur scène.
Un soir, le sextette est invité à jouer dans le théâtre de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff, créateurs des burlesques Deschiens. Ces derniers tombent littéralement sous le charme rétro et décalé du groupe, au point de devenir leurs producteurs. Leur éclosion publique se produit en avril 2006. Ils représentent cette année-là l'une des grandes révélations du Printemps de Bourges. Sur scène, les Moriarty jouent les gens du voyage avec leur allure friponne et leur dégaine des années 1930. Ils tapent sur des valises et des étuis de guitare, jouent du kazoo et du batteur à oeuf et emportent le public pour un voyage dans un passé qu'ils refusent de définir, mais que chacun a le loisir d'idéaliser.
Le mystère entourant leurs chansons folk, les légendes qu'ils content (et aiment construire eux-mêmes, comme le fait que Joan Baez aurait joué sur la guitare datée de 1957 d'Arthur) et enfin leur scénographie truculente et pittoresque séduisent. Les concerts se multiplient tout au long de l'année 2007, en particulier à Paris.
Leur premier album intitulé Gee Whiz, But This Is A Lonesome Town sort enfin en octobre 2007. Une douzaine de chansons forme autant d'histoires, de destins croisés, retrouvés, selon la pochette de l'album, dans des lettres d'un bureau de poste restante aux Etats-Unis. En mélangeant faits réels et pures inventions dans univers au parfum de légendes du Far West, puissant et soigné, le concept original des Moriarty surprend par sa maturité. Celle-ci est due aux longues années d'expériences diverses et de travail car, à l'instar du premier single « Jimmy », certains titres ont déjà dix ans.
Avec 50 000 exemplaires de leur album écoulés en à peine six mois, en cette ère de crise du disque et alors que bon nombre de leurs concerts se jouent déjà à guichets fermés, il convient de considérer ce groupe comme un franc succès hexagonal de l'année 2008. Il semble que leur mascotte Gilbert, une tête de biche empaillée offerte par Macha Makeïeff, leur porte bonheur.
Le groupe qui a construit son aura sur les planches tourne sans relâche. La scène est aussi l'occasion pour Moriarty de présenter ses nouvelles créations, dont certaines figurent déjà au programme d'une production théâtrale du metteur en scène gallois Mike Kenny. Ces chansons rodées en public constituent la trame du deuxième album The Missing Room publié en avril 2011. A travers des titres de la trempe du single « Isabella », Moriarty fait preuve d'une grande originalité et d'un vrai talent de mise en scène musicale.
La tournée qui suit le disque d'or de The Missing Room conduit le groupe jusqu'en Asie et en Australie. De retour en France, Moriarty propose en 2012 le spectacle Memories from The Missing Room au théâtre de la Bastille à Paris. Moriarty revient en octobre 2013 avec l'album Fugitives, rendant hommage aux pionniers du blues, du folk et de la country. Wayne Standley, Don Cavalli, Moriba Koïta et Mama Rosin apportent une touche internationale à l'album.
Epitaph, qui sort en avril 2015 ne s'avère pas la suite de l'acclamé The Missing Room de 2011 puisqu'il rassemble des pièces laissées sur le bord du chemin ou destinées à des projets comme le spectacle librement inspiré du roman de Mikhail Boulgakov, Le Maître et Marguerite (1940).
Cinq morceaux directement issus de cette création jouée au festival d'Avignon rejoignent les autres fables vintage pour former un corpus de treize épisodes où rôdent le diable et la faucheuse. Tant et si bien que le sextette, à l'heure de l'inventaire, avait un titre tout trouvé pour symboliser ces récits de l'au-delà : Epitaph. Il n'étonnera personne d'y retrouver le mélange de blues, de folk et de country joué à l'ancienne, de façon artistanale et rustique, propre à Moriarty.
Les guitares grondantes, comme sorties d'outre-tombe, et les notes flottantes d'un piano encerclent « When I Ride » avant que, de sa voix typée, Rosemary Standley soutienne la danse macabre fomentée par les cordes dans « Reverse (Anger) ». D'apparence paisible, le récit d'« History of Violence » n'a rien à envier aux sombres histoires qui abreuvent « Za Milena J. », « Ginger Joe » ou « Across My Window », illustrées par la plainte d'un harmonica, des rythmes claudicants, un choeur grave ou une guimbarde narquoise.
Deux titres forts s'imposent au milieu de cette balade fataliste, « Long Live the (D)Evil », porté par une mélodie entraînante et des accents de guitare slide, et « Diamonds Never Die », dont le rythme envoûtant finit par libérer un beau solo. L'air de violon de « G.I. Jesus », le tempo possédé de « Fire Fire » et la veillée au feu de bois de « Long Is the Night » font également partie du charme de cette virée dans le temps.
Source : Music-story
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 28/04/2015