Né le 21 septembre 1934, Leonard Cohen grandit dans le quartier huppé de Westmount sur l’île de Montréal. Son père, Nathan Cohen, propriétaire d’un magasin montréalais de vêtements, a créé le journal The Jewish Times ; il meurt alors que Leonard a 9 ans. Son grand-père maternel, Solomon Klinistky-Klein, était rabbin. Leonard Cohen a connu plusieurs vies contenues dans la même écorce d'homme.
À l’adolescence, il apprend la guitare. Il formera plus tard un groupe d’inspiration country-folk, les Buckskin Boys. Lycéen amateur de country et de flamenco, il change de rayon lorsqu'il découvre la poésie de Garcia Lorca.
À l'Université, Leonard Cohen rencontre Irving Layton et Louis Dudek, qui l'aident à publier ses premiers poèmes dans une revue d'étudiants, titré CIV, une abréviation de civilisation inventé par Ezra Pound.
Son premier recueil de poésies, Let Us Compare Mythologies, paraît en 1956, édité par McGill Poetry Series, alors qu'il n'est encore qu'un étudiant de premier cycle.
En 1959, Irving Layton lui présente Abraham Moses Klein. La même année, The Spice Box of Earth sort aux éditions McClelland & Stewart, le rend célèbre dans les cercles de poètes, notamment canadiens. La même année toujours, Leonard obtient une bourse d'études et part pour Londres. Sur place il achète une machine à écrire Olivetti et un imperméable bleu de chez Burberry's, l’imperméable apparaît en photo sur l'album, Songs from a Room, cet imperméable lui sera volé en 1968.
En dix ans, Leonard Cohen trouve le temps d'écrire quatre recueils de poèmes (Let Us Compare Mythologies, 1956 ; The Spice Box of Earth, 1961 ; Flowers for Hitler, 1964 ; Parasites of Heaven, 1966) et deux romans (The Favorite Game, 1963 ; Beautiful Losers, 1966). Des livres qui connaissent généralement un grand succès critique. A la sortie de Beautiful Losers, un critique du Boston Globe ira jusqu'à écrire : « James Joyce n'est pas mort. Il vit à Montréal sous le nom de Leonard Cohen. »
En parallèle, Cohen étudie à l'université de McGill (Montreal) puis à New York. Grâce à une bourse de l'université d'Ottawa, il s'installe ensuite sur l'île grecque de Hydra, avec une jeune Norvégienne, Marianne Jensen (« Well, you know that I love to live with you / But you make me forget so very much / I forget to pray for The Angels / And then The Angels forget to pray for us » dans « So Long, Marianne ».) En la quittant, il quitte aussi la Grèce, et se lance dans une carrière de chanteur (« Je ne pouvais pas payer ma note d'épicerie. ») Son intention est d'enregistrer un disque de country à Nashville mais, chemin faisant, il découvre la scène folk new-yorkaise (Phil Ochs, Tim Hardin, Tim Buckley...), en pleine expansion dans le sillage de Bob Dylan. Judy Collins enregistre deux de ses compositions (« Suzanne » et « Dress Rehearsal Rag » ) sur In My Life (1966), En 1966, Judy Collins fait de sa chanson Suzanne un hit. Cette chanson se réfère à Suzanne Verdal, l'ancienne épouse d'un ami personnel, le sculpteur québécois Armand Vaillancourt. Grâce à Judy Collins Léonard fait sa première apparition scénique au festival fold de Newport le 30 avril 1967.
Léonard n'a pas touché un centime pour la chanson Suzanne, il s'était lié à un arrangeur qui devait retravailler sa chanson, mais il apparut que les deux hommes ne s'entendirent pas, et l'autre, après avoir travaillé sur la partition, lui apprit qu'il avait signé les documents pour en posséder les droits. La bataille judiciaire dura jusqu'en 1984, et l'arrangeur proposa à Léonard de lui revendre les droits durant une rencontre dans un hôtel à New-York, et à la question combien Léonard comptait lui acheter, Léonard lui répondit : « un dollar ». Un accord sera signé en 1987.
En 1967, John H. Hammond fait signer Leonard Cohen chez Columbia Records. Quand Cohen sort son premier disque (simplement titré The Songs of Leonard Cohen), il a déjà 34 ans, même si la musique est entré près de vingt ans plus tôt dans sa vie, sous la forme d'un groupe influencé par la country : The Buckskin Boys. Cette longue attente explique l'extrême maturité de son premier effort. Ce premier album, Songs of Leonard Cohen, sort en 1967 et contient une version de Suzanne. L'album, empreint de noirceur, sera bien reçu par la critique.
Songs from a Room, sort en 1969, il est considéré comme l'album classique de Léonard, avec les tubes Bird on the Wire, Story of Isaac et The Partisan, le premier titre de Léonard chanté en français.
Le 30 août 1970, Léonard chante durant le Festival de l'île de Wight 1970, il joue à 4h du matin, juste après la prestation de Jimi Hendrix.
En 1971 sort son troisième disque, songs of Love and Hate.
Après ces trois albums en quatre ans, Leonard Cohen n'a de cesse de se réinventer, de chercher. Une période qui coïncide paradoxalement avec des moments de profonde dépression dans la vie du chanteur qui se retire régulièrement à Mount Baldy, un monastère zen au sud de Los Angeles. Cohen s'ouvre sur l'extérieur : lui le spectateur de la marche du monde, à qui on avait suffisamment reproché sa Présence silencieuse en Grèce après le coup d'Etat des généraux, s'engage du côté israélien en 1973, durant la guerre du Kippour. Puis se livre, Quinze ans plus tard, à des prophéties politiques sur First We Take Manhattan (« They Sentenced me to twenty years of boredom / For trying to change the system from within / I'm coming now, I'm coming to reward them / First we take Manhattan, then we take Berlin »...) ou « Democracy » Plus ouvert sur le monde extérieur, il se fait pourtant plus rare aux yeux du public, espaçant ses tournées et sa production, ne livrant plus que huit disques en trente-cinq ans. En 1975, Bob Dylan (son opposé, en terme de prolixité et de débit vocal) lui dédicacera d'ailleurs son album Desire de ces mots : « This one's for Leonard, if he's still here ».
Cette recherche musicale patiente (« Je n'ai pas trouvé de moyen simple de faire les choses. Je cherche toujours ») permet à Cohen de se réincarner à plusieurs reprises, du folk tranchant de New Skin for the Old Ceremony (1974) aux symphonies spectoriennes de Death of a Ladies' Man (1977) en passant par la pop synthétique pratiquée depuis le milieu des années 1980. D'où la perplexité de certains fans de la première heure, frustrés de voir ce songwriter au spleen feutré emmener ses synthétiseurs au beau milieu de la circulation, et troquer sa voix feutrée pour un ton de prêcheur, de prédicateur (« There Is a War », « First We Take Manhattan ».)
En 1982, il rencontre Dominique Isserman, qui réalise plusieurs portraits de Léonard. La même année il écrit une comédie musicale, Night Magic, qui fera l'objet d'un film présenté au festival de Cannes de 1985.
En 1984 sort Various Positions, un album très spirituel qui contient la célèbre Hallelujah. Columbia refuse de sortir l'album aux États-Unis, où Cohen a toujours eu un succès bien moindre qu'en Europe ou au Canada. En 1986, il apparaît dans un épisode de Deux flics à Miami. En 1988, I'm Your Man marque un changement dans l'écriture et la composition. Les synthétiseurs sont très présents et l'écriture est plus engagée avec des teintes d'humour noir.
En 1994, à la suite de la promotion de son album The Future, Leonard Cohen se retire dans un monastère bouddhiste à Mount Baldy Zen Center près de Los Angeles. En 1996, Cohen est ordonné moine bouddhiste Zen, comme Jikan, Dharma dont le nom signifie « Le Silencieux ». Il part finalement de Mount Baldy au printemps 1999. Pendant cette période, il n'a produit aucune chanson, mais a recommencé par la suite, ce qui a mené à l'album Ten New Songs en 2001, album très influencé par Sharon Robinson, et à Dear Heather en 2004. Dear Heather est issue d'une collaboration de Cohen avec sa compagne, la chanteuse de jazz Anjani Thomas.
En 2006, Cohen fait paraître un nouveau recueil de poèmes poésies, Book of Longing et Blue Alert, coécrit avec Anjani Thomas. Parallèlement, le documentaire Leonard Cohen: I'm Your Man sort en salle. Il s'agit d'un assemblage d'interviews récentes réalisées pour les besoins de ce film, et de prestations live d'artistes (Nick Cave, Rufus Wainwright, Jarvis Cocker) lors d'un concert hommage. Il fait sa première apparition publique dans une librairie de Toronto le 13 mai 2006, chantant So Long, Marianne et Hey, That's No Way To Say Goodbye, accompagné par The Barenaked Ladies et Ron Sexsmith. En 2007, Philip Glass, le compositeur de musique contemporaine, met en musique son recueil Book of Longing et donne la première, avec Leonard Cohen en récitant, de l'œuvre le 1er juin 2007 à Toronto lors du Luminato Festival.
2008 est l'année du grand retour sur scène de Leonard Cohen, âgé de 73 ans, pour une tournée mondiale. Les critiques et le public sont enthousiastes malgré le prix élevé des places
Dans un article du New York Times consacré à son retour sur scène, il est mentionné : « Monsieur Cohen est un juif observant qui respecte le Shabbat même lorsqu'il est en tournée et il chanta pour les troupes israéliennes durant la guerre israélo-arabe de 1973. Alors comment peut-il concilier sa foi avec sa pratique continue du Zen ? »
« Allen Ginsberg me posa la même question, il y a de nombreuses années », dit-il. « Eh bien, pour commencer, dans la tradition du Zen que j'ai pratiquée, il n'y a pas de service de prière et il n'y a pas d'affirmation de déité. Donc, théologiquement, il n'y a pas d'opposition aux croyances juives. »
L. Cohen est un homme de paradoxes. Celui d'un chanteur creusant inlassablement les mêmes thèmes («Je n'ai jamais rencontré de gens qui ne parlent pas de la même chose : l'amour cherché, l'amour perdu, les défis ratés, les choses dont ils sont fiers, ceux qui les ont trahis, ceux qui ont été loyaux envers eux...») alors qu'il n'est fait que de déchirures et de contradictions (« La religion m'a aidé à supporter le fait d'avoir plusieurs facettes »). À l'oeuvre plus éclatée qu'on ne le croit généralement, et formant pourtant un tout cohérent (en 2001, le Lillois Olivier Lambin, alias Red, a d'ailleurs repris intégralement Songs from a Room - façon, peut-être, d'affirmer que l'oeuvre de Cohen se prend comme un bloc, ou pas du tout).
Ce sont peut-être ces paradoxes féconds qui expliquent l'immense influence de Cohen. Aujourd'hui, le Canadien fait à la fois figure de père spirituel pour toute l'indie pop des années 1980 (de House of Love aux Pixies, en passant par Ian McCulloch et Robert Forster, tous présents sur la compilation I'm Your Fan, réalisée en 1991 sous l'égide des Inrockuptibles), de compagnon de route pour les vétérans des années 1960 (John Cale, Bob Dylan), de vieux sage pour les poids lourds du rock FM (Billy Joel, Sting, Elton John ou Bono, acteurs du tribute Tower of Songs, en 1995). Et quand, au début des années 1980, un jeune groupe gothique de Leeds a dû se trouver un patronyme, c'est dans l'oeuvre de Cohen qu'il l'a trouvé : The Sisters of Mercy étaient nés.
En trente ans de carrière, Cohen aura été successivement le troubadour à guitare des années 1960, l'homme-orchestre des années 1970, l'entertainer inspiré des années 80. Romantique et cynique, croyant et païen, intimiste et politique, mélancolique et drôle (« Il y a pas mal de rires étouffés dans mes disques »). Humain, simplement : « Je n'ai jamais rencontré quelqu'un dont la vie intérieure semblait très différente de la mienne ». Il y a du Leonard Cohen en chacun, et c'est sans doute pour cela que sa musique appartient à tous.
Pour fêter ses 80 ans , Leonard Cohen sort Popular problems, un véritable chef d’œuvre ! Cet album de 9 chansons aborde poétiquement certains des plus profonds dilemmes de l'existence humaine - la relation à un être exceptionnel, l'amour, la sexualité, la perte et la mort. Sans doute l'album le plus ouvertement spirituel de l'artiste, Popular Problems transmet au mieux toute la pudeur des sentiments de Leonard Cohen. Il s’agit du 13ème album studio de Cohen sorti chez Columbia depuis 1967.
Source : Music Story / Wikipedia
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 29/08/2014