Aussi imposants que leur nom le suggère, Led Zeppelin transcende l'étiquette hard rock/heavy métal que certains leur ont collé dans le dos. Ils incarnent en effet la synthèse des multiples influences qui caractérisent le meilleur du rock des années 1970, tout en produisant une musique estampillée de leur propre identité.
L'histoire commence vraiment en été 1968, quand le guitariste Jimmy Page reste le seul membre des Yarbirds (l'influent groupe londonien de R&B dans lequel débutèrent également Eric Clapton et Jeff Beck) à être motivé par leur survivance. Il recrute bientôt le claviste expérimenté John Paul Jones, puis ils se mettent à la recherche d'un chanteur. Leur premier choix, Terry Reid a d'autres obligations ailleurs, mais il leur conseille le jeune chanteur venu des Midlands, Robert Plant, qui a joué dans plusieurs groupes de pubs locaux, comme Band of Joy, dont le batteur est John Bonham. A l'époque, Plant qui fait du sur-place avec Hobbsteweedle saute sur l'occasion et persuade Bonham de les rejoindre aussi.
L'autre personnage clé dans la formation du groupe est le manager Peter Grant, un type exubérant qui est sur tous les bons coups, souvent considéré comme le cinquième membre tant son influence est grande. Après quelques concerts en Scandinavie et en UK durant août-septembre 1968, les New Yarbirds changent pour 'Led Zeppelin', apparemment après un trait d'esprit de Keith Moon qui prétend qu'ils sont "si lourds qu'ils s'écraseront comme un zeppelin en plomb", bien que le bassiste des Who John Entwistle en revendique la paternité. Le "a" de "lead" sera tronqué pour éviter la confusion sur la prononciation.
Le son des débuts de Led Zep est largement influencé par le Blues, mais avec plus d'emphase sur les riffs puissants, avec une touche de Classique dans les claviers de Jones, et un soupçon d'influence West Coast dans certains passages suraigus de Plant, ses cris rappelant parfois étonnement Janis Joplin. Leur premier album éponyme (Led Zeppelin, 1969), enregistré parait-il en seulement trente heures, est un des plus étonnant début de tous les temps. Il se compose de titres torrides et de riffs entraînants, comme "Good times bad times", de l'incontournable en concerts "Dazed and Confused", de l'ultrarapide "Communication Breakdown", de quelques standards du Blues, et de ce qui marquera leur diversité à venir, "Black montain side" version acoustique instrumental, ainsi que du remarquable "Babe, I'm gonna leave you". Page avait chanté la version de Joan Baez de cette chanson folk traditionnelle à Plant lors de leur première rencontre, et là ils la transforment en un mélange hypnotique, une délicieuse confluence d'éléments acoustiques et électriques.
Avec ce brillant début orienté en dessous de la ceinture et les acclamations du circuit underground anglais, le très dynamique Grant expose son plan pour dominer le monde, ce qui passe clairement par la conquête du marché américain. Il a déjà effectué une visite exploratoire à New York et en est revenu avec un contrat de cinq années chez Atlantic, qui lui laisse les pleins pouvoirs dans le contrôle de Led Zep, assuré que personne ne s'interfèrera dans les productions de Page. Grant saisit cette chance et emmène le groupe assurer la tournée américaine des Vanilla Fudge, après que le groupe de Jeff Beck se retire à la dernière minute. Ils commencent à Denver le 26 décembre 1968 et tournent ensuite en emportant tout le monde sur leur passage, de Country Joe And The Fish à Iron Maiden.
Leur spectacle incendiaire dure près de quatre heures, dans un crépitement continu assuré par l'alchimie qui se développe entre les quatre membres, complétée par de longs solos caractéristiques de l'époque. Les efforts de mammouth produits par Bonham sur "Moby Dick" permettent à ceux qui n'entrent pas dans la demi-heure de solo en percussions de faire une pause, mais peu de spectateurs ne manquent la virtuosité de Page à la guitare, avec un archer de violon sur "Dazed and confused".
Led Zep retourne en Angleterre pour quelques concerts de moindre importance au début de 1969, mais leur réputation aux USA leur permet d'être en tête d'affiche quand ils retraversent l'Atlantique au printemps. Bien que les critiques soient devenue unanimes pour les louanges du groupe en UK, le gros de leur public se trouve de l'autre côté du bassin, Grant concentre alors ses efforts aux USA. Ils tournent presque sans discontinuer durant deux ans et demi, remplissant les plus grandes salles, tandis que Grant travaille sur leur image "underground", ne sortant que très peu de singles et évitant les grosses campagnes publicitaires.
Led Zeppelin II sort quand le groupe est encore en tournée en 1969, ayant été enregistré avec l'aide de l'ingénieur du son Eddie Kramer dans plusieurs studios différents. C'est cet album qui colla définitivement l'étiquette 'métal' sur le groupe, surtout dans l'esprit de ceux qui n'écoutent que le riff accrocheur de "Whole lotta love", morceau qui atteint le top five américain. Le titre ne sort pas en single côté anglais, d'ailleurs aucun des titres de Led Zep ne sortira en single officiel (pas avant 1997 quand, pour coïncider avec la sortie à prix-réduits de leurs albums, "Whole lotta love" sort en CD single), bien qu'une version soft par CCS est utilisée pendant des années en générique pour l'émission "BBC Top of the pop".
Led Zeppelin III (1970), préparé par Page et Plant lors de leur retraite dans un cottage du Snowdon, est enregistré ensuite dans une villa décrépie du Hampshire et montre plus de diversité qu'avant. La première face est très électrique, s'ouvrant par le détonnant "Immigrant song", une jolie démonstration des gémissements étranges et inquiétants de Plant, mais sur l'autre face, la tonalité est plus mélodieuses et acoustique, comprenant leur version de la chanson folk traditionnelle "Gallows Pole", le passage le plus tendre de Plant sur "That's the way", et la plus belle chanson d'amour de Page "Tangerine". L'album est éreinté par les critiques qui attendent quelque chose de plus tapageur.
La réputation de Led Zep sur scène continue de grandir, et d'autres groupes de rock progressif anglais comme eux ou Jethro Tull commencent à remplir les stades aux USA. Ils développent également leur image de 'mauvais garçons sur les routes' en saccageant les chambres d'hôtels notamment, image renforcée par la fascination de Page pour l'occultisme, en particulier depuis qu'il a acheté la villa écossaise de Aleister Crowley. Leurs concerts dégénèrent parfois en émeutes grâce aux fans, entretenus par leur aura de Princes des Ténèbres et par d'autres substances diverses.
Leur album suivant ne sort que fin 1971, connu sous le nom de Led Zeppelin IV, bien qu'aucun titre n'apparaisse sur la pochette, seulement quatre symboles runiques. Le groupe voulait que la musique parle d'elle-même. "Stairway to heaven" et tout est dit. Dans les années 1970, une fête n'est pas réussie sans cet envol de guitares, et c'est toujours le titre le plus demandé sur les radios FM. L'ouverture "Black dog" contient l'un des riffs les plus inventifs de Page, "Misty moutain hop" est un hommage à l'époque hippie et "The battle of evermore" se terminant avec des mandolines et les harmonies vocales angéliques de Sandy Dennys, souligne le penchant du groupe pour le folk rock mystique. Les craintes de Atlantic concernant l'absence de nom sont vite effacées par le nombre de disques vendus, mais la tournée anglaise qui suit, comprenant deux concerts à guichet fermé au Wembley Empire Pool, sera la dernière en England avant quatre ans.
Durant les années 1970, Led Zep réduit un peu l'intensité des tournées mais élargit son champ d'action, entament à présent des tournées mondiales incluant le juteux marché japonais. Houses Of The Holly ne sort qu'en 1973 et rompt avec la tradition en ayant un titre. Bien qu'il contienne des morceaux fabuleux comme le majestueux "The rain song" à la guitare, le semi-acoustique "Over the hills and far away" ou "No quarter" dominé par Jones, leur tentative d'élargissement se ridiculise par l'essais maladroit au reggae "D'yer Maker" et au funk sur "The crunge", leur pire moment.
Leur propre label 'Swansong' est officiellement lancé en mai 1974, année de calme relatif, sans concerts, avec un peu de studio, et selon les membres du groupe, un peu de repos, quelques étranges apparitions en guest star, ou d'autres projets. Un des plus intéressant est leur participation au financement du film 'Monty Python and the Holy Grail'.
Quand le groupe reprend la route au début de 1975, ils sont accueillis comme des prodiges revenants par les anciens et nouveaux fans à l'unisson, faisant la queue par centaines toute la nuit pour obtenir des billets pour le concert de mai au London Earl Court. Quel dommage que ces performances scéniques n'aient pas été enregistrées en vidéo, parce que ce qui sort l'année suivante, The Song Remains The Same n'est qu'un film terne sur les concerts de fin de tournée en 1973, avec quelques séquences d'autosatisfaction enregistrées en coulisses, et d'autres trucs un peu cons. Au final, le film est décevant, en dépit de son succès au box-office.
L'album qui précède la BOF au printemps 1975 est un retour en forme. Intitulé Physical Graffiti, c'est le seul double-album studio et leur dernière prouesse musicale. Bien que les morceaux soient assez classiques, entre le riff staccato de "Custard pie" et les mesures rapides de "Sick again", l'album contient des titres étonnants, comme la version épique du blues traditionnel "In my time of dying", le capricieux "The rover" et le tube des fêtes réussies "Trampled underfoot", avec son rythme semi-funk. En effet, plus d'un titre dance contemporain doivent plus qu'une simple inspiration au jeu de batterie de Bonzo Bonham. Le morceau le plus durable est "Kashmir", chanson qui allumera des milliers de bâtonnets d'encens...
A partir de ce moment, bien qu'il y ait des choses intéressantes sur les deux derniers albums proprement dits, Presence (1976) et In Through The Out Door (1979), Led Zep est sur la descente. Au début de l'explosion punk, Led Zeppelin est considéré comme un dinosaure que la nouvelle génération s'empresse d'effacer. Pourtant, cette attitude hostile n'est pas réciproque, quand Page et Plant expriment leur intérêt sur ce que font les jeunes groupes. Pour arranger le tout, Plant est victime d'un sérieux accident de voiture sur l'île grecque de Rhodes en août 1975 et qui l'oblige à rester dans un lit durant presque deux ans, alors que survient la mort subite de son fils cadet Karac en juillet 1977, juste après leur tournée de comeback aux USA. Tout ça le pousse à se retirer une année supplémentaire et la rumeur circule à propos de la séparation du groupe. En fait, ils font un remarquable retour en 1979 avec une apparition au Knebworth Festival en England. Même si les clameurs des critiques se sont tues, Led Zep prouve qu'ils peut encore attirer les foules. In Through The Out Door est en tête du top album US durant sept semaines (un record), et le groupe semble être sorti de cette mauvaise passe.
Il tournent partout en Europe en 1980, mais toute activité est stoppée quand John Bonham est retrouvé mort après une beuverie chez Page le 25 septembre. La décision de s'arrêter là est immédiate, mais l'annonce n'arrive qu'en décembre. En post-scriptum Coda, une collection de morceaux enregistrés précédemment, sort en 1981 pour honorer les obligations contractuelles, mais c'est seulement pour les fanatiques. Plus tard dans la décennie, Plant se lance dans une carrière solo à succès, et quelques concerts de réunion ont lieu avec le fils de Bonham à la batterie. Plus récemment, des compilations en CD Remasters et Led Zeppelin Box Set, remixés en son digital par Page, ravivent leur popularité. Page et Plant se sont réunis depuis, mais ceci est une autre histoire...
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Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 25/10/2011