Ex-leader du groupe Téléphone, Jean-Louis Aubert traîne depuis plus longtemps cette étiquette qui paraît parfois lui peser. S'il ne peut nier son passé, il tente maintenant de s'en démarquer en produisant des disques de plus en plus personnels.
Né à Nantua dans le département de l'Ain le 12 avril 1955, Jean-Louis Aubert est le fils d'un sous-préfet. Il est élevé par le personnel au service de ses parents. Il s'ennuie un peu. Lorsqu'il a dix ans, sa famille déménage à Paris. Comme il le dit lui-même, il devient alors un garçon difficile et caractériel. Toujours au bord de la révolte, il accumule les punitions. Peu enclin à s'investir dans les études, il s'intéresse très tôt à la musique.
A l'âge de 17 ans, il décide de partir sur les routes des Etats-Unis, une guitare sous le bras. Plusieurs mois durant, il va faire la manche pour survivre en chantant des tubes des Rolling Stones. Ce périple plein d'aventures va lui permettre de prendre un peu de recul face au fameux rêve américain. Une fois rentré à Paris, il commence à chanter dans les boums et fêtes organisées dans le XVIème arrondissement, le plus riche de la capitale.
Il rencontre Richard Kolinka, batteur de son état, qui vient d'écrire un opéra avec un bassiste du nom de Daniel Roux. Impressionné, Jean-Louis Aubert se joint à eux pour former le groupe Sémolina. Ils enregistrent même un 45 tours "Et j'y vais déjà" et "Plastic rocker", devenu aujourd'hui un collector. Mais l'aventure s'arrête rapidement. Peut-être un peu déçu par ce départ avorté, Jean-Louis Aubert, décidé à devenir une rock star, a la rage et l'énergie rivées au corps. Quelques années après la révolte étudiante de 68, certains idéaux survivent.
Jean-Louis a vaguement tenté une faculté de musicologie mais en fait, il préfère jouer de la guitare avec ses copains dans la cave de leur maison communautaire. En novembre 76, Richard loue une salle mais le groupe avec lequel il joue n'est pas disponible. Reste Jean-Louis, qui appelle Louis Bertignac, qui appelle Corinne Marienneau. Les quatre musiciens se connaissent depuis longtemps. Ils évoluent dans la même sphère. Ils répètent donc quelques reprises du répertoire anglo-saxon de l'époque et même les premières chansons de Jean-Louis Aubert, dont "Métro, c'est trop" qu'il a composé lors d'un séjour dans une grotte à Ibiza, mangeant uniquement du riz et du miel en compagnie de deux copains !
Le fameux concert a lieu en novembre 76 au Centre américain de Paris. Véritable ovation pour les quatre jeunes gens dont c'est la première prestation ensemble sur scène (et non la dernière !) Le groupe Téléphone est né. Et l'aventure rock peut commencer.
Jean-Louis Aubert signe la majeur partie des chansons durant les quelques dix ans de vie commune. Il est le chanteur à la voix juvénile, animé d'une rage sans nom, leader du groupe phare de la scène française des années 70/80, véritable bête de scène et enfin modèle de toute une génération d'adolescents comme ses trois autres amis. Après cinq albums-studio et plusieurs tournées gigantesques, le groupe décroche et annonce en 86, sa séparation. Depuis un certain temps, l'ambiance commençait à se dégrader. Chacun des musiciens envisageait des projets en solo.
C'est donc Aubert qui réagit le plus vite en sortant avec son copain de toujours, Richard Kolinka un 45 tours "Juste une illusion", sous le nom de Aubert'n'Ko. Daniel Roux se joint à eux ainsi que deux nouvelles recrues, Feedback et Marine Rosier, respectivement aux percussions et aux claviers.
Quelques concerts surprises en banlieue parisienne et Aubert est de nouveau sur scène. En 87, ils sortent un premier album "Plâtre et ciment". Sans pouvoir se démarquer réellement du style Téléphone, Aubert, 32 ans, injecte dans ses morceaux quelques rythmes funk, rendant ainsi plus groovy une musique qui fut longtemps un modèle de rock. En mai, le groupe se produit au Bataclan à Paris du 5 au 9 mai, devant un parterre de fans curieux de voir à quoi ressemble le fil coupé du Téléphone. Cette période ressemble à une renaissance pour le chanteur, accentué par le fait qu'il devient le père d'un petit garçon prénommé Arthur.
Deux ans plus tard paraît l'opus intitulé "Bleu, Blanc, Vert". Dévoilant un peu plus la vraie personnalité d'Aubert, les dix-neuf titres proposent un son plus fluide, plus aéré, au dire même de l'artiste. Après des années passées à chanter la ville, le voilà qui effectue un vrai retour à la nature. Sans développer un manifeste écolo ("Locataire"), on sent bien que ses centres d'intérêt changent peu à peu. "Sid'aventure" et "Attentat" sont autant de chansons inspirées par les choses de la vie même si comme toujours on peut lui reprocher une écriture parfois simpliste à force de se vouloir dénonciatrice. Mais cet album marque quand même une nette évolution de l'artiste vers un travail de plus en plus personnel. C'est entre autres la première fois qu'il produit lui-même son disque. Succès d'estime, loin des scores de vente de Téléphone : 200.000 exemplaires vendus.
Défait de sa crédibilité rock (et content de ça), Aubert se cherche et commence à se trouver avec l'album suivant : "H" qui sort en 92. "H" comme Humain et Homme affirme l'artiste. Enregistré dans un studio itinérant installé dans différentes caves et sous-sols, au moment de la guerre du Golfe, cet album recèle des ambiances parfois bizarres comme le titre "le Bateau sous la terre". Guitare acoustique ou électrique, participation de Paul Personne et de Princess Erika, Aubert explore les profondeurs de l'âme et nous propose un voyage intérieur. Après ce message personnel, il part retrouver son public pour une grande tournée en France, avec son acolyte de toujours, Richard Kolinka. Les meilleurs moments sont enregistrés pour un live "Une page de tournée" sorti en 94.
Adepte du duo voix-instrument, Jean-Louis Aubert confesse depuis longtemps un certain attachement artistique à Bob Dylan et Gérard Manset. Mais, l'ancien membre de Téléphone, toujours à la recherche d'émotions différentes signent en 96 les textes "le Jour se lève encore" et "Vivant poème" sur l'album de la chanteuse Barbara. Si au premier abord, cela peut paraître surprenant, en réalité, la collaboration entre les deux artistes se révèle fructueuse et créative.
Après cette halte sur le chemin de sa carrière personnelle, Jean-Louis Aubert, l'éternel adolescent comme le surnomme la presse, sort un nouvel opus en 1997. "Stockholm" a été conçu dans son studio de Boulogne (où il habite aussi), et à Stockholm. Les séances de mixage se sont faites à Paris, Stockholm encore, Bruxelles et Londres. Ses fidèles amis ont apporté leur contribution : Richard Kolinka toujours et Olive de Lili Drop (guitare). De nouvelles recrues apportent un nouveau souffle : le Suédois Gordon Cyrus qui est sans doute à l'origine de l'engouement d'Aubert pour la ville de Stockholm, le batteur nigérian Tony Allen et la chanteuse Barbara, qui vient donner le change à Aubert. Loin du rock'n'roll basique de ses débuts, le chanteur emmène "Stockholm" vers le futur, vers des musiques nouvelles : "Océan", "Fais ton voyage" ou "Je crois en tout, j'ne croix en rien", le voilà qui navigue dans les brumes de la création.
Fin 97, il entreprend une tournée française qui passe par l'Olympia à Paris les 4, 5, 6 décembre. Les concerts ont lieu à guichet fermé. A cette occasion, il rend un vibrant hommage à Barbara, qui vient de disparaître le 25 novembre. Quelques mois après l'Olympia, Aubert donne une nouvelle série de concerts au Cirque d'Hiver pour un spectacle de plus de trois heures à chaque fois. Dans une ambiance orientale, le public est convié à attendre l'artiste au son du oud de l'Iranien Mad Shere Khan. En bonne logique, Jean-Louis Aubert clôt le concert par une reprise des Stones dont il doit assurer la première partie les 25 et 26 juillet au Stade de France.
Loin d'être fatigué, Aubert continue ses explorations musicales en sortant en novembre 2001 un nouvel album intitulé "Comme un accord". Pour la première fois, son complice de toujours, Richard Kolinka n'est pas de la partie et laisse sa place à Fabrice Moreau, le frère de Patrick Bruel. Autre nouveauté, Aubert confie la production de cet opus à une autre personne, Renaud Letang qui a travaillé avec Manu Chao, Sergent Garcia et Alain Souchon notamment. Une tournée s'ensuit mais pas avant l'automne 2002 (4 octobre/16 décembre) avec une halte parisienne les 7 et 8 novembre. Sa première partie est assurée par le chanteur Raphaël, lequel chante également avec Aubert le titre "Vivant poème" que l'ancien leader de Téléphone avait écrit avec Barbara. Il reprend sa tournée en 2003.
Au printemps, un duo, extrait du nouvel album de Raphaël, "Sur la route", caracole en tête des hit parades. Puis en octobre, sortent un Best of "Comme on a dit" ainsi qu'un DVD live "Comme on a fait", l'intégralité d'un concert enregistré au Zénith de Paris, le vendredi 13 juin 2003.
Novembre 2005, Aubert sort son nouvel album nommé "Idéal Standard". Une nouvelle fois après "Comme un accord", l'album qui l’avait remis en phase avec lui-même et son public, Aubert a fait appel à Renaud Letang pour arranger cette poignée de chansons bien senties dont "Parle Moi", première envoyée en radio, est déjà sur toutes les lèvres. Dans la lignée de son prédécesseur mais plus assuré et incisif encore, "Ideal Standard "bénéficie du renfort, de l’arrangeur Gonzales et de chœurs personnalisés en la personne des petites filles de l’artiste dans la bien nommée "On vit l’amour". À écouter en priorité également, "Ailleurs", "L’Heure bleue", "À ceux qui passent "ou "Sensation", un poème de Rimbaud habilement mis en musique.
Si on reconnaît sans problème que sa voix n'est pas extraordinaire, si lui, affirme qu'il est un piètre guitariste, le public fidèle apprécie depuis maintenant de nombreuses années, ses excursions musicales. Son attitude naturelle, anti-star, résolument tournée vers l'extérieur ainsi qu'une vision humaniste du monde font de Jean-Louis Aubert une personnalité attachante et intéressante, même si parfois on peut regretter la fougue et l'énergie de ses débuts.
Source : RFImusique
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 17/09/2013