Depuis 35 ans, les enfants des écoles et des colonies de vacances chantent "Santiano" ou "Céline". Ces titres sont tellement célèbres qu'on en oublie leur auteur et interprète, Hugues Aufray, troubadour des temps modernes. C'est lui qui avant tout le monde a opté pour une vie au grand air, avec élevage de chèvre et retour à la terre. Cette façon de vivre lui a valu d'être un peu oublié des médias pendant quelques temps. Mais au fil des années, il a su conquérir le coeur d'un public très divers.
Hugues Aufray est né le 18 août 1929 à Neuilly-sur-Seine, dans la banlieue huppée de Paris. Il est le troisième enfant de Henry Auffray et de Amielle de Caubios d'Andiran. Il a deux frères aînés Jean-Paul et Francisco ainsi qu'une jeune sœur Pascale qui tentera une carrière au cinéma sous le nom de Audret. La famille fuyant l'occupation allemande, le jeune Hugues se retrouve jusqu'en 1945, dans un collège dominicain du Tarn dans le Sud de la France. C'est là qu'il va développer son goût pour la nature et les animaux. Ses parents divorcés, il suit son père à Madrid et est inscrit au lycée français où il passe son baccalauréat. En 1948, il décide de monter à Paris pour tenter sa chance à L'Ecole des Beaux-Arts, malgré l'avis de son père qui voudrait le voir mener des études plus classiques. Hugues Aufray rêve en effet de devenir peintre. Mais ses moyens financiers étant restreints, il ne peut poursuivre dans ce sens et se voit obligé de chanter dans les rues pour subvenir à ses besoins. En 1949, il fait son service militaire dans les Alpes comme chasseur alpin.
Pendant la décennie suivante, le jeune homme semble naviguer à vue. En 1951, il se marie avec Hélène (avec qui il aura deux filles), danseuse de son état. Pendant plusieurs années, il va chanter de cabarets en bars parisiens. Il interprète des chansons de Georges Brassens à qui il voue une véritable admiration ainsi que des morceaux du folklore latino-américains. Il joue d'ailleurs avec les futurs membres de Los Incas dans un bar du Quartier Latin.
Puis en 1959, ses amis le poussent à participer à un concours amateur. C'est ainsi que Hugues Aufray remporte le concours organisé par la radio Europe n°1, "Les n°1 de demain" avec "Le Poinçonneur des Lilas" une chanson d'un auteur-compositeur inconnu Serge Gainsbourg. C'est un vrai triomphe. A la suite de cela, il signe un contrat avec la maison de disques Barclay. Un premier 45 tours est enregistré "Y'avait Fanny qui chantait".
Il enregistre un second 45 tours avant de répondre à l'invitation de Maurice Chevalier à chanter à New York au Bal "Avril à Paris". Hugues reste sur place plus longtemps qu'il n'avait prévu. Il revient à Paris en se disant qu'il retournera bientôt aux Etats-Unis. Après quelques passages Chez Patachou et à l'Echelle de Jacob, il reprend le chemin de New York. Il rencontre les célèbres Peter, Paul and Mary et fait la rencontre d'un jeune compositeur-auteur-interprète encore inconnu Bob Dylan. Hugues Aufray se sent très proche de la musique de ce dernier, jouée avec une guitare sèche. Après cet épisode, il rentre en France avec dans ses bagages, de nombreuses chansons à adapter en français. C'est le cas de "Santiano" le premier tube de Hugues, sorti en 1961. Il devient aussi le spécialiste du "skiffle" musique jouée avec guitare sèche et banjo par les étudiants américains.
En plein dans la vague yéyé, Hugues Aufray réussit à se faire une petite place avec son style folk-song dans le monde de la variété française. En mars 1963, il participe au Grand Concours de l'Eurovision, représentant bizarrement le Luxembourg. Il interprète "Dès que le printemps revient", fait un malheur mais ne gagne pas. Il fait aussi la première partie de Johnny Hallyday à l'Olympia à Paris. L'année suivante, il est co-vedette avec Alain Barrière au même endroit. Il fait aussi Bobino et part en tournée à travers la France, des concerts toujours pleins à craquer.
Mais Hugues Aufray entretient un projet très ambitieux qu'il va bientôt mettre à exécution, à savoir l'adaptation en français des chansons de Bob Dylan. Pour la réalisation de cet album, il est aidé par Pierre Delanoé et Jean-Pierre Sabar. En 1965 sort "Aufray chante Dylan" qui rencontre un vrai succès avec des titres en français comme "l'Homme Orchestre" ou bien "La Fille du Nord". L'année suivante, il est la vedette de l'Olympia pendant trois semaines avant de partir en tournée. Apôtre de la paix et de l'antiracisme, il va chanter sur la scène du Palais des Sports à l'invitation d'Harry Belafonte. Il interprète pour Martin Luther King "Les Crayons de couleur". Hugues Aufray est un précurseur en matière de concert caritatif.
Ses chansons commencent déjà à être chantées dans les écoles, signe incontestable de sa popularité auprès des jeunes et des moins jeunes. "Céline" commence à faire des ravages dès 1966 en même temps que "Stewball". Son amour des chevaux, de la nature et de l'amitié, des sentiments vrais sont autant de sujets d'inspiration, révélant une personnalité assez atypique dans le show-biz français, prônant le naturel. Ne se défaisant jamais de sa guitare, les journaux le présentent comme le grand frère idéal.
Le public vient encore l'applaudir à Bobino à Paris en décembre 1967. Entre les tournées et récitals qu'il fait tout au long de l'année, il va se reposer dans la ferme qu'il vient d'acquérir en Ardèche. En 1970, Hugues Aufray change un peu de registre et sort un nouvel album dédié à sa femme intitulé "Avec amour". Le public est quelque peu désorienté par la nouvelle orientation de l'artiste qui ne dure que le temps de quelques chansons et d'un repos d'un an. En 1971, il repart sur les routes avec un passage à Bobino. Deux ans plus tard, il choisit le cabaret pour un retour à Paris et se produit à la Tête de l'Art en février. A l'automne, il invente un show avec une ambiance très personnel intitulé "Espace Vert" qu'il donne au Théâtre de la Renaissance en septembre/octobre.
Mais les années passent et les temps changent. Hugues Aufray s'en rend très bien compte et décide de se retirer du circuit pendant quelques mois. En fait, il va passer plusieurs années loin des projecteurs. Il va exploiter sa ferme, cultiver la lavande et élever des chèvres. Il reste ainsi auprès de sa famille, qualité de vie qu'il a délibérément choisie. Il refait quelques apparitions, un disque en 1976, une tournée solo et un double album "Transatlantic" en 1978, un passage dans un cabaret parisien le Don Camillo pendant trois mois en 1979. Ce n'est qu'en juin 1983 qu'il renoue pendant deux jours avec une grande scène, celle de l'Olympia à Paris. Il fait même une mini tournée africaine qui le mène de Libreville à Kinshasa. En 1985, Renaud qui est un admirateur de la première heure lui demande de participer à l'opération "Chanteurs sans frontières" qui apportera son soutien à l'Ethiopie.
S'il n'a plus le succès qu'il avait auparavant, sa popularité elle, est toujours là. Les médias l'ont pourtant délaissé. Mais l'écologiste de la première heure qu'il est, a su diversifier ses activités : une compagnie équestre (les Cavaliers sans frontières) et un ranch dans les Alpes. Il revient en 1990 avec un nouveau disque réunissant ses seize plus grands succès qu'il a réenregistrés, fêtant ainsi ses trente ans de carrière. L'année suivante, en novembre, il investit l'Olympia avec onze musiciens et interprète pas moins d'une trentaine de chansons, témoignage de sa carrière passée. Sa passion pour les chevaux l'amène en septembre 1992 à concevoir un spectacle équestre pour l'Ecole Nationale d'Equitation avec quelques cinquante enfants, comédiens et cavaliers. Cela se passe pendant le Grand Gala annuel du Cadre Noir de Saumur.
Retour à la chanson en 1993 avec la sortie de deux albums, le premier "Route 91" est un live enregistré à l'Olympia, le second "Little troubadour" est un disque original de quatorze morceaux enregistrés avec la Chorale des Chérubins de Sarcelles. Une fois de plus, Hugues Aufray travaille avec des enfants, s'enorgueillissant au passage d'avoir écrit des chansons qu'ils peuvent facilement reprendre. L'année suivante est consacrée aux tournées en Europe dont la France bien sûr et au Canada. Un "Best of" sort et devient rapidement Disque d'or.
Si au début des années 1960, Hugues Aufray permit sans doute de faire découvrir au public français le très jeune musicien américain Bob Dylan, un peu moins de quarante ans après, l'eau a coulé sous les ponts. Ce dernier est devenu une star mondiale que Hugues a d'ailleurs rencontré plusieurs fois. Et il est toujours passionné par la musique et la personnalité de l'Américain. En 1995, sort "Aufray Trans Dylan", album rassemblant vingt-six adaptations de Dylan. Renaud participe à l'enregistrement de la chanson "Au coeur de mon pays" ("Heartland"). Pour l'adaptation des textes, Hugues n'a fait appel à personne. C'est lui, seul, qui les a écrits. Dans la foulée, il prépare un spectacle avec ces chansons au Casino de Paris où il passe en février 96. Il part ensuite en tournée qui le mènera aux Francofolies de la Rochelle en juillet 1997. En octobre, un enregistrement en concert au Casino de Paris est mis sur le marché.
En avril 1997, il fait un intermède en présentant à Bruxelles un spectacle équestre et musical avec Mario Luraschi et la troupe de Dysneyland de Paris, "la Conquête de l'Ouest". A 70 ans, il enregistre un nouvel album avec des sonorités celtiques et hispaniques, "Chacun sa mer" qui sort en mars 1999. Hugues Aufray reprend dans ce disque, des thèmes qui lui sont chers comme la paix, les grandes causes, la mer. Il continue également de donner de nombreux concerts.
En 2002, Hugues Aufray écrit le texte de "Si c'était à refaire"pour l'album de Johnny Hallyday, "A la vie, à la mort". Il tourne à Saint Denis de la Réunion (février), en France, à Hong Kong (le 5 mai 2002, pour la 'La nuit présidentielle'). En mars 2003, il participe, à Paris Bercy, à une grande soirée consacrée au far-west organisée par son ami, le cavalier Mario Lurashi. Johnny Hallyday invite Hugues Aufray sur scène lors de sa tournée estivale. Le chanteur participe aussi à des concerts de charité comme celui de la Fête de la Montagne à Palaiseau en septembre, au profit des associations A chacun son Everest et Etoile des Neiges. Il retourne en République Tchèque 30 ans après son premier concert là-bas. Hugues Aufray conclue l’année le 30 décembre par un duo avec Ait Menguelet sur la scène de Paris Bercy pour le concert de clôture de l’année de l’Algérie en France. 2004. Toujours sur la route, en particulier en Bretagne où il est toujours très bien accueilli par le public, Hugues Aufray s’arrête au fameux festival des Vieilles Charrues le 25 juillet puis enchaîne au festival des Hortensias de Perros-Guirec le 7 août.
Hugues Aufray n'a jamais caché que c'était Felix Leclerc qui lui avait donné envie au début de sa carrière, de chanter en français. Au début de l'année 2005, il sort un album de reprise des chansons du Québécois. "Moi mes souliers","Le petit bonheur" ou encore "J'ai deux montagnes à traverser" sont autant de titres célèbres qui figurent parmi les seize titres de "Hugues Aufray chante Félix Leclerc". Du 10 au 20 février 2005, il se produit au Théâtre du Gymnase à Paris, en reprenant une partie du répertoire de Félix Leclerc, où il rencontre un grand succès public. Pendant l'été, il donne un certain nombre de concerts dont un au Paleo Festival de Nyon. En septembre, en même temps qu'il reprend le chemin d'une scène parisienne, celle de l'Olympia les 19 et 20, il sort un album et un DVD live "Plus LIVE que jamais" enregistré quelques mois auparavant au Gymnase.
Chevalier des Arts et des Lettres (1985), Officier des Arts et des Lettres (1997) mais aussi Chevalier du Mérite Agricole (1994), l'homme est ainsi décoré régulièrement, intégrant le paysage culturel et musical français avec la discrétion que chacun a pu lui reconnaître au fil du temps. Il donne même son nom à plusieurs écoles en France, preuve de sa popularité constante depuis les années 1960. Car il faut le reconnaître, la personnalité d'Hugues Aufray a su séduire un large public, des enfants aux personnes âgées.
Inoxydable barde folk d’ici dont les chansons séduisent tous les publics depuis cinq décennies, Hugues Aufray revient à ses amours de jeunesse contestataire en publiant New Yorker, album de reprises toujours en phase avec les réalités du monde et les problèmes de société. Ce n’est pas la première fois que le musicien au regard azur s’attaque à l’œuvre de Bob Dylan, incontestablement un de ses maîtres à chanter. Mais alors qu’au cours des années 60, il adaptait les chansons du folker séminal en n’accordant pas toujours à ses textes l’importance qu’ils méritaient, Aufray a cette fois mis un point d’honneur à ce que les adaptations soient de très bonne qualité. Autre bonne idée du troubadour aux cheveux d’argent, enregistrer ce disque sous la forme de duos avec des amis tels que Johnny Hallyday, Arno, Francis Cabrel, Eddy Mitchell, Alain Souchon, Bernard Lavilliers, Laurent Voulzy, Carla Bruni ou Jane Birkin. Le résultat est à la hauteur du projet et rappellera à ceux qui en douteraient que Hugues Aufray reste une valeur sûre de la chanson française, même lorsqu’il adapte des joyaux du répertoire américain.
Biographie: http://www.rfimusique.com http://www.fnac.com
Source : RFImusique
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 22/06/2011