Certains artistes choisissent de n’utiliser que leur prénom comme nom de scène. Da Silva fait partie de ceux qui optent de n’user que de leur nom de famille : né en 1976 à Nevers (Nièvre) dans une famille d’immigrés portugais, Emmanuel Da Silva grandit dans un environnement provincial peu exaltant à ses yeux.
Du punk à la nouvelle variété française et au pop-rock acoustique en passant par la musique électronique, le parcours de Da Silva est marqué par une recherche de l’affinement musical. Révélé en 2005 par son album Décembre en Eté, Da Silva a imposé une personnalité de chanteur à la sensibilité rocailleuse, digne héritier du style ténébreux et romantique pratiqué par des artistes comme Miossec ou Dominique A.
Dès l’âge de douze ans, pour tromper son ennui, l’adolescent se rapproche de l’univers musical et, fan de groupes comme The Ramones, commence à avoir des velléités de compositeur : « j'adorais leurs pompes, leurs blousons et leur musique alors je me suis acheté une guitare électrique et j'ai commencé à faire du punk ». Intégrant le groupe Mad Coakroaches, le jeune Emmanuel tente de faire son trou dans une scène punk-rock française alors à la fois encombrée et marginale. Mais le punk n’est qu’une première étape dans l’évolution d’un artiste tenté par les expérimentations et l’éclectisme fusionnel.
Le jeune homme vogue ensuite de groupe en groupe, écrit des chansons en anglais et espagnol et met en place à seulement 15 ans le projet Punishment Park. Avec des anciens des Tambours du Bronx, il balance sur scène une musique indus et un son brut de décibels.
Mais à 21 ans, Da Silva décide de lâcher les grosses guitares et troque l’électrique pour l’acoustique avec la formation Venus Coma. Da Silva s’entoure ensuite de machines et prend le nom de Mitsu avant de disparaître.
C’est avec « Décembre en été » que Da Silva fait son grand retour à la composition. Après avoir pas mal galéré, puis bossé deux ans sur une trentaine de chansons écrites en français et inspirés par Joseph Arthur ou encore Elliot Smith, Da Silva se sent prêt à prendre un nouveau virage dans sa vie d’artiste. Avec le soutien de Cali rencontré à Brest et qui l’invite à jouer les premières parties de ses concerts, Da Silva reprend les commandes de la scène et se fait repérer par Vincent Frèrebeau, directeur artistique de Tôt ou Tard. Ce dernier lui propose alors de signer un contrat avec son label.
Avec des morceaux courts et intenses, Da Silva nous invite à plonger dans un univers musical intimiste, sec et percutant, sous influences rock toujours, mais flirtant aussi avec la fragilité, la douceur et l’émotion. Pour le côté tendre de cet album à fleur de peau, Albin de la Simone, Françoiz Breut et Pierre Sangra ont prêté main forte lors des sessions d’enregistrements de « Décembre en été ».
Suite à la sortie de cet opus à la fois épanoui et mélancolique, subtil et bouillonnant, Da Silva conquis les foules et les médias. Entre ce succès naissant et les joies nouvelles de la paternité (Da Silva est papa d’une petite Lula), le chanteur au cœur timide et à l’âme rebelle a enfin toutes les cartes en main pour vivre la trentaine heureuse et sereine.
En 2007, il propose son deuxième album, De Beaux Jours à Venir, qui vient confirmer les espoirs mis dans cet artiste à la frontière des genres. Avec De Beaux Jours A Venir, Manu reconduisait une méthode déjà éprouvée sur Décembre en Eté. Elle consistait à enregistrer les maquettes de ses nouvelles compositions chez lui, dans son salon. De ce premier jet, il conservait la voix et la guitare, trahissant l’une et l’autre la spontanéité d’un émoi. Puis il ajoutait en studio quelques instruments, une basse, une percussion, un violon parfois, veillant à préserver la fragilité de ces chansons fraîchement écloses dans son jardin secret. Renaud Letang se chargeait ensuite de les mixer. Cette manière de procéder révélait un sentiment dans la vérité du moment qui l’avait vu naître, favorisant d’autant mieux son partage. Avec le succès que l’on sait.
Du style « Da Silva » on dit souvent qu’il est minimaliste, intimiste, mélancolique. Cette voix qui vous chuchote à l’oreille son spleen entêtant et feutré, ces guitares qui brodent leurs mélodies tendres et mutines, on les reconnaît entre toutes pour les croiser très souvent sur la bande F.M. L’indécision et De là-haut y passent et repassent comme le furet. Intimistes les chansons de Da Silva le sont, mais vouées par ailleurs à caresser la sensibilité d’un large public, à séduire en grand format. Avec 110 000 exemplaires écoulés, Décembre en Eté fut l’un des albums révélation de l’année 2005 avec la mention disque d’or. Quant au second, De Beaux Jours A Venir (70 000 exemplaires) il sera deux ans plus tard une vraie confirmation compte tenu de l’affaissement du marché du disque physique.
Pour La Tendresse des Fous, son 3ème album sur le label Tôt ou Tard, Manu a tout remis en question. « Je savais que si je ne bousculais pas certaines habitudes j’allais finir par me caricaturer. » Souhaitant « sortir du cocon », comme il dit, il le mettra en chantier fin 2008 dans un studios Rennais, Le Passage à Niveau, et lui donnera sa forme définitive au Labomatic, à Paris, avec le concours de Bénédicte Schmitt et Dominique Blanc Francart. « Me retrouver pour la première fois dans un grand studio avec des techniciens, des musiciens, un réalisateur et arrangeur, m’exposait à un regard extérieur, m’obligeait à des remises en cause. C’est précisément ce que je recherchais : me mettre en danger. » Car, à l’inverse de beaucoup, le vrai danger pour Manu Da Silva, ce n’est pas d’aller au combat nez au vent et guitare à la main -ça il connaît depuis toujours- mais de travailler dans un confort technologique inhabituel pour lui, entouré de musiciens à pedigree. Ainsi l’accompagneront dans cette nouvelle aventure le bassiste Laurent Vernerey et le batteur Denis Benarosh dont les états de services, de Francis Cabrel à Alain Souchon, de Miossec à Vincent Delerm, sont suffisamment éloquents. « Se retrouver avec des pointures, moi qui suis un musicien sans grade, fut un vrai défi. » Autre innovation, la présence d’un arrangeur en la personne de Joseph Racaille. Personnage aux ressources musicales inépuisables, ce dernier fait rayonner depuis une trentaine d’années son esprit curieux et inventif sur un large district de la chanson et du rock français. Il a contribué notamment à différents albums d’Alain Bashung, d’Arthur H et de Dick Annegarn. « A partir de mes musiques, Joseph a conçu des orchestrations à l’aide d’instruments à cordes et à vent, comme le cor anglet ou l’euphonium. Cela créait un nouvel espace que je pouvais ensuite me réapproprier.» Cette approche va conduire à la production d’un son certes plus velours que cuir, mais sur lequel les chansons de Manu ne paressent à aucun moment, semblent au contraire se dresser, animées de plus de véhémence et d’envie que jamais.
A la question casse gueule « Qu’est ce que le style ? » Manu Da Silva répond à sa manière : « Donnez moi une guitare et une chanson, n’importe laquelle, une reprise de Gainsbourg, une cover des Rolling Stones, ça sonnera toujours comme du Da Silva. Je n’y peux rien. C’est comme ça. J’ai jamais su faire autrement. » Mais pourquoi au juste Manu devrait-il s’excuser? Car alors que certains passent leurs vies à se chercher un style, lui est né avec et quoi qu’il fasse, il y imprime sa marque. La preuve : sur son 3ème album La Tendresse des Fous, il nous poinçonne l’âme et nous tatoue le cœur.
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Source : Music-Story
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 22/06/2011