Avec un nom d'apéro, Blankass fleure bon le terroir. Enfants du rock et du Berry, les frères Ledoux and Co ont décentralisé la chanson française au milieu des champs (de blé). Qui s'en plaindrait ?
Originaires d'Issoudun dans le centre de la France, les frères Ledoux ont crée Blankass en 1990. Mais, leur expérience rock est bien antérieure. Dès leur plus jeune âge, Johan (né en 72) et Guillaume (né en 70) suivent leurs parents sur de nombreux festivals folk. A la fin des années 70, les deux frères se lancent dans la vague punk-rock, des Clash à Gun Club. En 81, avec deux amis de leur âge, Anne-Sophie Bolender au chant, et Franck à la basse, ils montent un groupe, Zéro de Conduite. Leur mère, qui travaille dans une MJC (Maison de la Culture et de la Jeunesse), leur permet de faire quelques concerts.
Mais, l'aventure prend vite une tournure inattendue. Repérés par Bernard Batzen, agent et directeur artistique, ils se retrouvent en 83 sur la scène du festival du Printemps de Bourges en première partie de leurs idoles Gun Club, eux- mêmes en première partie de U2. S'ensuit une tournée au Canada, une première partie de Clash (suprême honneur!), et l'inauguration du Zénith en 84 aux côtés de tout le gratin de la chanson française. Le tout ponctué de cinq 45 tours et d'un unique album éponyme en 88 sur le label Off the track. A l'aube de l'âge adulte, le groupe se sépare à la fin des années 80.
Après à peine deux ans de battement, Guillaume et Johan montent Blankass, abréviation de blanc-cassis, apéritif plus connu sous le nom de kir. Trois autres musiciens sont de la partie : Olivier Robineau à la batterie, Nicolas Combrouze à la guitare et Philippe Ribodeau qui navigue entre sa flûte, son saxo ou sa bombarde (instrument à vent traditionnel). Le succès ne surgit pas aussi vite que pour Zéro de conduite, mais dès 91, ils signent un contrat avec l'éditeur Warner Chapell. A ce moment-là, ils n'ont que six titres en poche. Warner, et en particulier le directeur artistique Christophe Karcher, les pousse à composer et à tourner le plus possible afin de rôder leurs chansons. C'est ce qu'ils font pendant quatre ans à travers la France, jouant dans les bars ou dans des salles de 25.000 places.
Toujours très rock, le groupe développe un style qui emprunte au folk, à la musique celtique, ou à la chanson française la plus gouailleuse. Leur musique est généreuse et leurs prestations scéniques conviviales. En 93, ils sont sélectionnés par le FAIR (Fonds d'Aide à l'Initiative Rock). Forts d'une renommée timide mais flatteuse, on les voit un peu plus sur les scènes des grands festivals comme les Francofolies de La Rochelle en 94, puis celles de Montréal au Québec. Cette année-là, la formation s'enrichit de Bruno Marande à la basse.
Ils sont maintenant mûrs pour enregistrer un disque. Ce qu'ils font en un mois dans un studio de la toute petite ville de Tarare dans le sud-est de la France. L'album sort fin 95 sous leur propre nom. C'est un succès grâce au premier extrait largement diffusé sur les antennes, "La couleur des blés". "Réaliste, "Populiste", "Rock rural", d'innombrables qualificatifs tentent de faire rentrer Blankass dans un petit tiroir bien précis. En juillet 96 au Château de Blois, ils partagent l'affiche de Tri Yann, groupe folk français, qu'ils allaient voir avec leur parents vingt ans plus tôt.
La Sacem (Société des Auteurs-compositeurs) leur remet son Prix Roger Seiller du meilleur groupe français en 97. Ils montent sur la scène parisienne du Bataclan le 13 mai 97. Puis le 31 mai, ils sont à la salle Wagram. Ce soir-là, ils partagent un duo inattendu avec le boxeur Fabrice Benichou pour une version inédite de "L'homme à la moto" d'Edith Piaf.
Quasiment auto-produit, leur album atteint en 98 des scores de vente dépassant les 100.000 exemplaires. Ils sont nommés aux Victoires de la Musique 98 parmi les meilleurs groupes.
Le 2 septembre 98, sort leur deuxième album, "L'Ere de rien", sur lequel ils travaillent depuis l'automne 97. Contrairement au premier né de leurs longues tournées, ce dernier album fut conçu, écrit et enregistré en studio. Une fois enregistré à la veille de Noël 97, l'album est mixé au pays de Galles, en Angleterre. Nouvel agent, nouveau label, cet album marque une nouvelle ère comme l'indique son nom.
Entre novembre et décembre 98, le groupe entame une tournée française de 20 dates avec une halte parisienne au Bataclan le 14 décembre. Au même moment, leur album s'envole à plus de 50.000 exemplaires en quelques mois. La maison de disques prévoit à terme un objectif de 200.000 copies. Mais, à partir de ce moment-là, un conflit démarre entre le groupe et son label, Musidisc, qui avait voulu sortir "L'ère de rien" avant qu'il soit terminé. Le groupe avait réussi, suite à un référé, à finir le disque mais a souhaité ensuite quitter le label qui les en a empêchés afin de conserver, de force, un groupe "vendeur" dans son catalogue. Suite au rachat de Musidisc par Universal, la bataille s'est déplacée face à une énorme major. Après un long procès, la cour d'appel de Paris condamne Universal à rendre sa liberté à Blankass et à verser 274.000 euros à chacun des membres.
Cette longue bataille a éloigné le groupe de l'actualité mais pendant deux ans, loin de se décourager, ils ont composé et préparé un nouveau disque qui devait être enregistré au cours de l'hiver 2002-2003. En attendant un retour sur scène, Blankass a tout de même fait des apparitions remarquées lors d'un concert de soutien au GISTI (Groupe de Soutien et d'Information aux Immigrés) le 10 décembre 2001 et participe au CD "Tibet libre" la même année.
Le groupe revient enfin à la musique avec la sortie d'un nouvel album "L'homme fleur" en avril 2003 sur un nouveau label, Up Music (Warner). Toujours rock mais laissant la part belle à l'acoustique, l'ambiance générale de ces chansons tend à prouver que les six musiciens ont acquis une certaine maturité artistique, Guillaume s'occupant plutôt des paroles et Johan des compositions. La premier simple extrait s'intitule "La Croisée". On peut aussi noter une reprise étonnante des Pink Floyd "Another brick in th wall". Quelques jours après la sortie du disque, Blankass se lance sur les routes de France pour une tournée de printemps.
Elliott, quatrième album des Blankass, ressemble un peu à ces rares instants où tous les éléments sont réunis, volontairement ou pas, pour que quelque chose de magique prenne vie. Plus d'intimité, mais aussi plus de guitares vindicatives. Plus de réflexions, de questions posées, mais aussi plus de bruit. D'histoires d'amour urbaines aux histoires de colères sociales, voici un Blankass résolument plus pop, plus actuel, mais toujours aussi inclassable dans le temps.
Source : RFImusique
Biographie fournie par : Webmaster ABC-TABS
Dernière modification : 07/10/2011